Gabon : les 23,9 milliards de FCFA par an de prime aux régies financières, au cœur de la controverse
La Prime à la Performance Budgétaire a pour objet de « récompenser la performance individuelle et le rendement collectif produits dans le cadre des objectifs des recettes budgétaires assignés chaque année par la loi de Finances ». Elle est instituée par le décret n°429/PR/PM du 24 décembre 2020, dont certaines dispositions ont été modifiées par le décret N° 0160/PR/PM du 30/06/2022. Cependant, bien qu’encadrée de manière précise par l’Etat gabonais, cette PPB coûtant jusqu’à 23,9 milliards de FCFA par an aux contribuables (données de 2017), semble aujourd’hui être une variable d’apaisement sociale, mieux une unité de mesure de popularité. Toute chose confirmée récemment par une déclaration tapageuse d’un des principaux responsables de sa gestion, qui heureusement, a très rapidement été repris de volée.
En octobre dernier, alors qu’il passait au peigne fin l’ensemble des directions sous sa tutelle, le ministre de l’Economie et des Participations, Mays Mouissi, déclarait attendre « le mot performance, dans Prime à la performance budgétaire ». Une façon pour le membre du gouvernement, qui milite depuis toujours en faveur d’un « assainissement budgétaire décisif pour garantir la viabilité budgétaire, tout en préservant la capacité de répondre aux importants besoins sociaux et de développement » comme indiqué d’ailleurs par une note d’analyse du FMI publiée ce mardi 28 mai, de rappeler que cette prime qui a pour objet de « récompenser la performance individuelle et le rendement collectif produits dans le cadre des objectifs des recettes budgétaires assignés chaque année par la Loi de finances » est loin d’être un acquis.
Chaque année ce sont plus de 3000 fonctionnaires des quatre (04) administrations assimilées que sont les Douanes, le Trésor, les Impôts et les hydrocarbures, qui sont concernés par le versement de cette prime dont le niveau de dépenses entre autres pour l’exercice 2017 par exemple, n’avait pas été intégré aux dépenses de personnel de l’Etat évaluées à plus de 708 milliards de FCFA, et ce, alors que le rapport d’exécution budgétaire de cette année-là présentait « des règlements effectués au titre des primes diverses non prévues et payées à hauteur de 23,9 milliards de FCFA pour remobiliser les agents des régies financières et administrations assimilées ». Une non-intégration aux dépenses de personnels qui laisse planer de lourdes suspicions et qui interroge sur l’intérêt de reverser cette PPB, à l’heure où le pays doit, par exemple, mobiliser 2,045,5 milliards de FCFA pour ses 249 projets prioritaires financés sur fonds propres.
Faut-il nécessairement des primes en tous genres pour remobiliser les troupes?
C’est donc là toute la question. Récemment on a vu et entendu un haut responsable de l’administration du budget et des finances publiques (DGBFiP) évoquer une « augmentation de primes à la performance budgétaire ». Dans un contexte d’amélioration souhaitée de l’efficacité des dépenses et d’augmentation de l’espace budgétaire grâce à des mesures en matière de recettes, est-ce raisonnable? Est-ce seulement soutenable? A l’ère de la restauration des valeurs et par ricochet des institutions comme le prône le CTRI au pouvoir, et à l’heure où l’importance est à l’amélioration de la gouvernance et la transparence des comptes budgétaires quand on sait que la croissance du PIB réel ne devrait être que 2,7% en 2025, un haut responsable peut-il seulement se laisser aller à de telles déclarations, fussent-elles pour « l’accalmie du climat social ». Heureusement, que la hiérarchie, consciente des défis de l’heure, a très rapidement repris la main pour ramener la sérénité auprès des partenaires techniques et financiers.
Autre question essentielle pour la cohésion sociale, faut-il nécessairement des primes en tous genres pour remobiliser les agents des régies financières et administrations assimilées? En se livrant à une analyse objective de la situation, on se rend bien compte que la stratégie qui consiste à gaver de “primes” les agents publics, est loin de porter ses fruits. Les problèmes du Gabon sont ailleurs, et c’est la non-résolution de ces problèmes qui a conduit le Général Oligui Nguema à prendre les armes le 30 août dernier. « Les efforts (supposés) du DGBFIP visant à renforcer la confiance des citoyens dans les institutions publiques et à assurer une gestion financière rigoureuse et responsable » comme l’a indiqué un des agents de cette direction chez nos confrères de Gabon Review, ne doivent pas s’en éloigner au profit d’un groupuscule d’agents privilégiés. Mais au contraire, favoriser l’inclusion financière du plus grand nombre.
Bonjour,
Je viens réagir par rapport à votre article sur la PPB,
En vous demandant de faire une recherche approfondie partant des fonds communs, de la ppb, de la contribution dans le budget de l’état des administrations suscités, jusqu’aux intégrations des agents des dites administrations à la fonction publique avant de publier comme vous le faites, simplement en voulant manipuler l’opinion publique.