Gabon : démission au PDG, courage ou opportunisme politique ?

Depuis l’élection présidentielle du 12 avril dernier, le Parti démocratique gabonais (PDG), autrefois pilier incontesté du pouvoir, fait face à des démissions en cascade, notamment de cadres influents. Ce phénomène soulève une question centrale : ces départs traduisent-ils un acte de courage ou s’agit-il simplement d’un opportunisme politique visant à se repositionner dans un nouveau paysage politique dominé par Oligui Nguema, en vue des élections législatives et municipales prévues en août 2025 ?
Le PDG, fondé par Omar Bongo Ondimba en 1968, a longtemps incarné le pouvoir au Gabon. Ce parti s’appuyait sur un réseau clientéliste et une mainmise sur les institutions. Cependant, le coup d’État du 30 août 2023, qui a renversé Ali Bongo Ondimba, a permis de rebattre les cartes. Le parti de masse, déjà fragilisé par des divisions internes et des accusations de corruption, a vu son influence s’effriter. D’ailleurs, leur décision de ne pas présenter de candidat à la présidentielle de 2025, une première depuis l’instauration du multipartisme en 1993, illustre son affaiblissement.
Fuire les choses avant qu’elles ne vous quittent ?
Depuis la fin du scrutin présidentiel qui a donné vainqueur Brice Clotaire Oligui Nguema, les démissions se multiplient. Des figures locales, comme les cadres du Woleu-Ntem, ont publiquement quitté le parti, déclarant se mettre « à la disposition » d’Oligui Nguema. Sapristi ! Qu’est-ce à dire ? Une chose est d’ores et déjà certaine c’est que ces départs s’inscrivent dans un contexte où le PDG a perdu son statut de « parti des masses ». Sa gestion scabreuse durant 50 ans et l’ensemble de griefs qui lui sont faits ont accentué sa désaffection par le peuple.
Pourtant, d’aucuns voient en ces démissions une prise de conscience courageuse. Le PDG, souvent associé à la corruption et au népotisme sous les Bongo, est confronté à un rejet populaire massif. Prendre l’initiative de quitter ce parti pourrait être perçu comme une volonté de rompre avec un passé controversé. Les démissionnaires chercheraient-ils réellement à se distancier des dérives du régime précédent pour se réinventer politiquement ? L’interrogation demeure. Admettre les « errements » du PDG, requerrait un certain courage dans un pays où la loyauté partisane a longtemps été une norme.
Mais n’oublions pas que cette vague de départs s’inscrit dans un climat politique où Oligui Nguema a pris désormais seul les clés de la voiture Gabon. Ainsi donc l’hypothèse de l’opportunisme politique a tout son sens. Le choix du PDG de soutenir officiellement sa candidature en mars 2025, après des concertations internes, montre que le parti cherche à se repositionner sous l’égide du nouveau pouvoir plutôt que de s’opposer comme suggéré par Alain-Claude Bilie-By-Nze. Fidèle à son jeu de pouvoir, le PDG ne voudrait-il pas s’attirer les faveurs du président ? Les élections législatives et municipales d’août 2025 en ligne de mire.
GMT TV