Gabon : ce que le serment d’Oligui Nguema dit de son projet de société

Devant les institutions républicaines, les chefs d’État invités, et un peuple rassemblé dans l’espoir d’un renouveau, Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment. Une cérémonie solennelle, une charge symbolique forte, mais surtout un moment de vérité politique, où chaque mot engageait plus qu’un homme : une nation.

Un serment comme socle d’une République refondée. « Moi, Brice Clotaire Oligui Nguema, élu Président de la République, m’engage devant Dieu, nos Ancêtres et le peuple gabonais, à consacrer toutes mes forces à son bien-être […] et être juste envers tous », a solennellement déclaré le nouveau président, posant ainsi la pierre angulaire de la Vème République. En articulant justice, intégrité du territoire, respect de la Constitution et des acquis démocratiques, Oligui Nguema ne s’est pas contenté d’un rituel protocolaire : il a assumé un serment politique à haute intensité morale.

Ce serment, rédigé dans une forme classique, se veut en rupture avec un passé marqué par l’opacité, l’impunité et la personnalisation du pouvoir. À travers cet engagement, le président affirme une volonté de gouverner sous le sceau de la transparence, du respect de l’État de droit et de la protection des citoyens.

Une promesse de rigueur, de justice et d’exemplarité

En étayant ce serment dans son discours, Brice Clotaire Oligui Nguema a décliné sa vision d’une République sobre et responsable. « La Vème République […] pose l’exigence de mettre fin à l’impunité, à la corruption, à la crudité, au laxisme et à la paresse », a-t-il martelé. Ce passage, fort et sans ambages, apparaît comme une injonction au sursaut éthique dans l’administration publique, mais aussi une alerte aux corps judiciaires et exécutifs : désormais, l’exemplarité est une obligation.

En soulignant que « chaque citoyen dépositaire de l’autorité de droit doit remplir sa mission dans le respect des lois », le chef de l’État rappelle à chacun sa part de responsabilité dans la reconstruction républicaine. Il invite ainsi à un retour aux fondamentaux : le service public, le mérite, la compétence.

Un projet de société enraciné dans le patriotisme et la solidarité

Le président Oligui Nguema inscrit son serment dans une vision collective : « Le mandat qui débute est le vôtre. Le projet politique que j’ai présenté est le nôtre. » Cette inclusion du peuple dans l’exercice du pouvoir rompt avec la logique verticale qui a longtemps prévalu au sommet de l’État. Le citoyen gabonais n’est plus un simple spectateur ; il est appelé à devenir un acteur de la transformation.

Le projet de société esquissé s’articule autour de six axes majeurs : justice, gouvernance, développement économique, performance administrative, inclusion sociale et rayonnement international. Il prend racine dans une ambition nouvelle : bâtir un Gabon qui, selon ses mots, « illumine l’avenir par son unité, sa solidarité et son esprit d’innovation ».

Un cap républicain à surveiller

Reste à savoir si, dans la mise en œuvre, le président élu par 94,85 % des suffrages exprimés parviendra à tenir cette promesse d’exemplarité dans un contexte où les résistances du système ancien, les attentes sociales pressantes et la conjoncture économique peuvent compromettre cette ambition.

Mais une chose est claire : le serment du 3 mai 2025 ne pourra pas être effacé. Il engage, il oblige, et il offre un critère d’évaluation politique que les Gabonais ne manqueront pas d’utiliser. « Le chemin qui conduit à l’essor vers la félicité sera long », a-t-il reconnu. À lui, désormais, de prouver que le serment n’est pas un simple vœu pieux, mais le premier acte d’une République nouvelle.