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Gabon : apologie de l’avortement sur la toile sous le regard silencieux des autorités judiciaires

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Des pages avec pour principal sujet l’avortement prolifèrent sur les réseaux sociaux. D’astuces aux médicaments traditionnels en passant par des injections et autres traitements médicaux, des personnes se muent en commerciaux de cette pratique dangereuse et incompatible avec les objectifs de développement de notre pays. Seulement, cette apologie de l’interruption de grossesse volontaire persiste sous le regard muet des autorités judiciaires. 

Conformément à l’article 376 du nouveau code pénal, l’avortement est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et d’une amende de 2.000.000 FCFA au plus. Ce texte sanctionne quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou tout autre moyen, a procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non. Cependant, malgré la sévérité des peines, de nombreuses pages et groupes sur les réseaux sociaux continuent de faire l’apologie de l’avortement, offrant des conseils, des recettes et même des médicaments pour interrompre une grossesse. 

Les réseaux sociaux : le lieu de promotion de l’avortement

Sur Facebook, des noms de pages plus qu’explicites, des visuels publicitaires attrayants, des contacts facilement accessibles, la promotion de l’avortement sur les réseaux sociaux est préoccupante. Des pages aux nombreux abonnés se font appeler « cliniques d’interruption volontaire de grossesse », offrant leurs services en toute impunité. Une enquête menée par Gabon Media Time a révélé des pratiques inquiétantes et des offres dangereuses faites aux femmes qui les contactent.

Ces individus proposent trois options pour interrompre une grossesse, allant jusqu’à 8 mois, alors que dans des pays où l’avortement est légalisé comme la France, la limite est fixée à 14 semaines. Les prix de ces services varient entre 28 500 et 138 500 FCFA. Pour les deux premiers packs, des médicaments abortifs accompagnés d’antibiotiques sont proposés. La première option combine du misoprostol et du mifépristone pour un traitement de 2 à 3 jours, valable jusqu’à 4 mois de grossesse. Le second pack contient un médicament canadien non désigné, prétendu capable d’expulser l’embryon ou le fœtus en une journée.

La troisième option est encore plus alarmante : une injection dont le contenu est inconnu, promettant de mettre fin à la grossesse en 30 minutes à 1 heure, nécessitant la présence de la patiente sur place. Les détails de ces offres, envoyés sous forme de documents, suggèrent que ce commerce existe depuis longtemps. Aucun renseignement sur l’âge, la condition ou les raisons de la patiente n’est demandé, seule l’assurance du paiement importe.

Un mutisme des autorités préoccupant

Ces produits abortifs sont vendus sur la toile comme des petits pains, sans aucune considération pour la sécurité et la vie des femmes. Un commerce florissant qui se développe sous le regard silencieux des autorités judiciaires, malgré la gravité des sanctions prévues par la loi gabonaise. En effet, les autorités judiciaires, pourtant garantes du respect de la législation, semblent adopter une attitude passive face à ce phénomène croissant. 

Dans un contexte où la législation a été modifiée pour offrir une certaine flexibilité aux femmes en détresse, il est impératif que des mesures soient prises pour contrôler et sanctionner les pratiques illégales et dangereuses qui prolifèrent sur la toile. La sensibilisation et l’éducation des femmes sur les risques associés à ces pratiques, ainsi que l’application rigoureuse de la loi, sont essentielles pour protéger la santé et la vie des Gabonaises.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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