Gabon : absence de politique de désendettement, Ondo Ossa critique sans être critique
Albert Ondo Ossa, économiste et homme politique gabonais par ailleurs ancien candidat à la présidentielle, a récemment critiqué la gestion économique du Gabon par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). En pointant particulièrement du doigt l’absence d’une véritable politique de désendettement. Et pour cause, selon les chiffres fournis par la Direction générale de la dette (DGD) pour 2023, la dette publique du Gabon s’élevait à 7 015,3 milliards de FCFA, représentant environ 55,4 % du PIB. Cette situation reflète une augmentation notable par rapport aux années précédentes, soulignant la pression croissante exercée par la dette sur les finances publiques du pays et surtout l’absence de politique de désendettement.
Depuis plusieurs années, le Gabon a vu sa dette publique grimper, en grande partie à cause de la chute des prix des matières premières, notamment le pétrole et le manganèse, qui constituent une part majeure de ses revenus. Bien que le pays ait entamé une relative diversification de son économie, la gestion de la dette n’a pas suivi le même rythme. Le gouvernement continue de recourir à des emprunts massifs pour financer les déficits budgétaires, sans qu’un plan clair de désendettement ne soit proposé pour alléger ce fardeau. C’est encore plus le cas aujourd’hui sous le nouveau régime.
Ondo Ossa, ancien candidat consensuel de l’opposition, a également mis en lumière la dépendance croissante du Gabon aux emprunts pour soutenir son économie, sans stratégie claire pour rembourser cette dette. En 2024, par exemple, le Trésor public prévoit de lever 854 milliards FCFA sur le marché des titres publics de la Cemac. Cependant, ces levées de fonds n’ont pas rencontré le succès escompté, comme l’a démontré l’échec de l’emprunt obligataire de mars 2024, qui a dû prolonger sa période de souscription à plusieurs reprises. La poursuite de cette tendance d’endettement, sans une stratégie de remboursement, met en péril la stabilité financière du pays.
Le CTRI critiqué pour sa gestion opaque et son manque de clairvoyance
Le CTRI, en tant qu’organe de transition, est accusé par le Pr d’Economie, de ne pas prioriser la réduction de la dette publique, pourtant cruciale pour la stabilité économique à long terme. Les “réformes” actuelles sont jugées insuffisantes par Ondo Ossa pour répondre aux défis macroéconomiques. Si cette absence de vision perdure, le Gabon risque selon ce dernier, de perdre la confiance des investisseurs internationaux, déjà réticents à financer le pays en raison de l’instabilité politique et économique.
Pour éviter une crise économique majeure, Albert Ondo Ossa appelle donc à des réformes structurelles profondes. Un véritable plan de désendettement, accompagné de mesures de diversification économique, est indispensable pour briser ce cycle de dépendance à la dette. Si aucune mesure corrective n’est prise, la capacité de l’État à investir dans les secteurs stratégiques risque d’être fortement réduite, compromettant ainsi la croissance économique et le développement du Gabon. Une position qui renforce celle qu’il avait déjà prise lorsqu’il évoquait le bilan de la transition.