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Dette Publique : le Gabon de nouveau dans les bonnes grâces des marchés financiers?

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Ce 18 novembre 2024, le Gabon semble avoir retrouvé la confiance des marchés financiers internationaux. Le pays a annoncé le succès de l’opération de rachat anticipé de la moitié de son Eurobond 2025 estimé à 180 milliards de FCFA. Un geste qui marque un tournant dans la gestion de la dette publique. Mais derrière ce succès apparent, des questions subsistent sur la destination des fonds et la soutenabilité à long terme de la stratégie économique actuelle.

Le 21 octobre 2024, le Président de la Transition, Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, annonçait la volonté de racheter anticipativement une partie de son Eurobond 2025 d’un montant total de 605 millions de dollars (376 milliards de FCFA). Le 7 novembre 2024, l’opération a été officiellement lancée, et elle s’est conclue une semaine plus tard avec un succès éclatant en apparence. Le Gabon a racheté 290 millions de dollars soit 180 milliards de FCFA, bien au-delà de son objectif initial, avec une participation record de plus de 260 investisseurs internationaux, représentant un montant total de 442 millions de dollars soit 275 milliards de FCFA.

Une réussite financière, mais des interrogations demeurent

Cette opération a été réalisée à un prix de 99,25 cents par dollar, ce qui a permis au pays de réduire sa dette extérieure. En conséquence, l’encours de l’Eurobond 2025 est désormais réduit à 315 millions de dollars, soit environ 190 milliards de FCFA. Une performance louable dans un contexte économique mondial tendu et marqué par la volatilité des marchés financiers. Si l’opération de rachat a indéniablement renforcé la position du Gabon sur les marchés financiers, plusieurs éléments méritent d’être éclaircis. 

Dans un premier temps, la provenance des fonds nécessaires à ce rachat reste floue. Pour financer cette opération, le Gabon a eu recours à deux émissions obligataires sur le marché sous-régional, ce qui a permis de convertir une partie de sa dette extérieure en dette intérieure. Si cette stratégie semble contribuer à alléger la pression sur la dette extérieure, elle soulève la question de l’impact à long terme de cette conversion, notamment sur la soutenabilité de la dette publique interne.

De plus, le pays continue d’afficher un train de dépenses publiques expansif. Le récent référendum sur la nouvelle constitution, par exemple, a été estimé à un coût de 28 milliards de FCFA. Cette dépense s’ajoute à un contexte où l’État gabonais peine à réformer son économie et à diversifier ses sources de revenus, tout en maintenant un haut niveau de dépenses publiques. Une situation qui interroge sur la pérennité de la trajectoire de réduction de la dette si la gestion budgétaire ne s’accompagne pas de réformes structurelles profondes.

La confiance retrouvée des investisseurs?

Malgré ces interrogations, l’opération de rachat anticipé de l’Eurobond 2025 a permis d’améliorer les performances des autres Eurobonds du Gabon, avec une réduction des rendements de près de 60 points de base en moyenne. Cet ajustement positif reflète la confiance renouvelée des investisseurs internationaux envers le pays, qui bénéficie d’une gestion plus proactive de sa dette publique, et d’une réévaluation de la crédibilité de sa stratégie économique à moyen terme.

Les agences de notation et les investisseurs ont globalement salué cette initiative, qui témoigne de la capacité des autorités gabonaises à prendre des décisions audacieuses pour gérer la dette tout en renforçant la stabilité financière du pays. Cependant, la véritable épreuve de cette stratégie sera de maintenir cette dynamique tout en évitant de sombrer dans une dépendance excessive à l’endettement, qu’il soit externe ou interne. Un premier test sera déjà de présenter le bilan financier de ce référendum, tant attendu par les observateurs. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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