CEMAC: une absence de dimension démographique qui freine le développement économique
En dépit de l’abondance de ses ressources naturelles avec notamment le pétrole, le bois et les minerais qui en constituent bien plus une rente qu’un véritable moteur de croissance, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) peine à entrer dans le cercle des régions placées sur le chemin du développement. Entre autres freins inhérents à cet état de fait, une démographie encore trop peu densifiée puisque la zone ne compte à peine qu’un peu plus de 53 millions d’habitants, soit une densité de 17 habitants au km2.
Malgré la volonté des différents pays membres d’amorcer le décollage de la zone, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) demeure encore aujourd’hui, l’une des régions les moins pourvues en termes de développement. Accumulant retards structurels, infrastructurels et surtout économiques puisque ne disposant que du 62ème Produit intérieur brut (PIB) mondial avec 218 milliards de dollars, loin derrière des pays comme la Corée du Sud qui sont à plus de 1000 milliards de dollars, la zone reste pour l’heure victime de la faible densité de sa population.
En effet, comptant encore moins de 53 millions d’habitants, soit moins que la France qui dispose pourtant d’une superficie 4,7 fois inférieure à la sienne, à peine plus que la Corée du Sud qui compte près de 52 millions d’habitants, la zone CEMAC ne dispose à ce jour pas encore d’une dimension régionale en dépit d’une superficie cumulée de 3 020 353 km2. Superficie qui, rapportée à la population, offre une densité d’à peine 17 habitants au km2. Largement insuffisant pour développer les secteurs primaires de nos économies, occasionnant ainsi une exploitation massive et sans frein des ressources extractives.
Freinant le développement d’un marché communautaire. Limitant les possibilités avec quasiment un seul pays à même de produire suffisamment de denrées pour toute la zone à savoir: le Cameroun. Cette absence de dimension démographique n’offre finalement que peu de débouchés aux PMEs et PMIs de la CEMAC, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les constructeurs automobiles par exemple, privilégient l’Afrique de l’Est, du Nord ou du Sud pour y implanter leurs usines à coups de milliards. Des milliards qui auraient pourtant pu servir au take off prôné par Walt Whitman Rostow.
N’offrant finalement que peu d’alternatives aux autorités de la zone, contraintes de se surendetter pour faire face aussi bien aux difficultés infrastructurelles que structurelles avec notamment la mal gouvernance et la corruption quasiment érigées en dogmes, cette absence de dimension nationale et régionale, limite les perspectives. Or, avec la population mondiale la plus jeune et à même d’entreprendre, une réelle politique nataliste bordée par un accompagnement en termes d’éducation et de santé adapté, offrirait à l’Afrique et à la région de nouvelles possibilités.
Même si pour certains, à l’instar d’Emmanuel Macron, « dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », il est fort à parier qu’une politique nataliste communautaire bien encadrée pourrait porter ses fruits à moyen et long termes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Général de Gaulle, en prenant les rênes du pays après la Seconde Guerre, a appelé les Français à lui faire « 60 millions de beaux bébés », érigeant ainsi le « Baby Boom » en moteur de croissance.