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Caution présidentielle à 30 millions de FCFA : une barrière démocratique ?

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L’adoption du nouveau Code électoral au Gabon a suscité de nombreuses réactions, notamment en raison des montants exigés pour les cautions des différentes élections. Parmi ces montants, celui de 30 millions de francs CFA pour la présidentielle fait particulièrement débat, soulevant des interrogations sur son impact réel sur le processus démocratique et l’équité des candidatures.

Une caution au goût amer. Fixée à 30 millions de francs CFA, la caution présidentielle représente une somme colossale dans un pays où le revenu moyen reste faible. Cette barrière financière risque de limiter l’accès à la course présidentielle à une élite politique et économique, excluant de facto les acteurs émergents, notamment les jeunes leaders, les candidats issus de la société civile et ceux n’appartenant pas aux grands partis établis.

Si l’objectif affiché de cette mesure est de garantir la crédibilité des candidatures et d’éviter les prétendants fantaisistes, elle s’inscrit également dans une logique élitiste. Cette caution élevée favorise les figures politiques traditionnelles, souvent soutenues par des réseaux financiers puissants, au détriment de nouveaux visages capables d’apporter un renouveau dans la sphère politique gabonaise.

Une inégalité structurelle

Le montant de la caution ne reflète pas seulement un enjeu financier, mais également une inégalité structurelle entre les candidats. En effet, dans un contexte marqué par des décennies de clientélisme, ceux qui détiennent déjà des ressources ont un avantage indéniable sur les outsiders. Cette situation contribue à renforcer la perpétuation d’une classe politique inchangée, éloignant ainsi la possibilité d’une réelle alternance démocratique.

Par ailleurs, cette caution s’ajoute à d’autres exigences financières liées aux campagnes électorales, notamment les plafonnements imposés (10 milliards pour une campagne présidentielle) et les dépenses souvent non contrôlées. Ces contraintes font des élections une compétition de ressources plus que d’idées ou de programmes.

Une réforme à repenser

Face aux critiques, il est légitime de se demander si une caution aussi élevée ne contredit pas l’esprit même de la démocratie, qui devrait permettre à tous les citoyens éligibles de se présenter sans discrimination financière. Une solution pourrait consister à fixer des cautions plus accessibles, accompagnées de critères stricts de validation des candidatures pour préserver la crédibilité du processus.

Pour l’heure, cette mesure reflète un système encore verrouillé où l’argent, plus que les idées, détermine qui peut prétendre aux plus hautes fonctions de l’État. Le débat autour de cette caution à 30 millions de francs CFA illustre une fois de plus les limites d’une réforme électorale qui, malgré ses avancées, peine à répondre aux aspirations de transparence et d’équité du peuple gabonais.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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