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Cameroun : une présidentielle sans Maurice Kamto, un scrutin sous contrôle ?

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Alors que Paul Biya brigue un énième mandat après plus de 40 ans au pouvoir, la disqualification de Maurice Kamto par ELECAM alimente les soupçons d’une élection verrouillée. À trois mois du scrutin, l’absence du principal opposant transforme l’élection présidentielle d’octobre 2025 en démonstration de force du régime plutôt qu’en véritable compétition démocratique.

Une liste sans surprise… sauf l’essentiel. Sur les 80 dossiers déposés, seuls 13 candidats ont été retenus par le Conseil électoral camerounais. Paul Biya, 92 ans, y figure sans surprise, tout comme quelques vétérans de la scène politique tels qu’Issa Tchiroma Bakary, Cabral Libii ou encore Akere Muna. Mais l’absence de Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et figure centrale de l’opposition depuis 2018, change la donne.

Accusé de n’avoir pas fourni certains documents requis, Kamto a vu sa candidature écartée dans des conditions que son entourage qualifie de « purement politiques ». Une décision que plusieurs analystes considèrent comme un signe inquiétant de « la fermeture du jeu électoral dans un contexte de transition incertaine ».

Une présidentielle sans enjeu réel ?

Pour nombre d’observateurs, le scrutin d’octobre 2025 risque de tourner à une formalité pour Paul Biya. « Sans Kamto, le seul vrai adversaire du système est écarté. Ce n’est plus une élection, c’est une mise en scène », déplore un analyste camerounais sous anonymat. La multiplicité des candidatures, dont certaines sont issues de figures connues pour leur proximité avec le pouvoir, donne l’illusion d’un pluralisme qui masque mal la réalité d’un paysage verrouillé.

L’entrée de nouveaux visages, comme le journaliste Roger Chantal Tuile, suscite certes un regain d’attention, mais ne suffit pas à compenser l’exclusion du MRC. Sur les réseaux sociaux, la grogne monte, certains y voyant une « mascarade électorale » visant à prolonger l’ère Biya sans opposition sérieuse.

Un test pour l’Union africaine et les partenaires internationaux

À Yaoundé comme à Bruxelles, la question est désormais de savoir si cette élection suscitera une observation neutre ou un silence complice. Pour la société civile camerounaise, cette disqualification marque un recul démocratique majeur. « Ce n’est pas seulement Kamto qui est évincé, c’est la possibilité d’une alternance crédible », résume l’universitaire camerounais Franklin Djoumessi.

Une présidentielle sous haute tension

À l’approche du scrutin, les regards se tournent vers les mobilisations citoyennes, les réactions du MRC, et l’attitude de la communauté internationale. Dans un contexte régional marqué par des transitions militaires au Gabon, au Tchad et au Burkina Faso, la situation camerounaise pourrait rapidement basculer. À défaut d’une bataille électorale équitable, c’est la rue ou l’abstention massive qui pourraient parler.

Et si l’Histoire devait encore s’écrire… ce ne sera pas forcément dans les urnes.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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