Afrique Centrale : le rôle clé du gaz naturel dans la sécurité énergétique et le développement régional
Le Central Africa Business Energy Forum (CABEF) 2024, qui se tient actuellement à Libreville, a permis à la Chambre africaine de l’énergie (AEC) de réaffirmé que l’Afrique centrale est bien positionnée pour approvisionner le continent en énergie, notamment grâce à ses vastes ressources en pétrole et en gaz. Toutefois, des défis d’ordre technique, environnemental et financier doivent être surmontés pour que la région puisse pleinement exploiter ce potentiel. Le panel 3 du CABEF, consacré aux hydrocarbures, a notamment mis en lumière ces défis, notamment les conditions fiscales peu attractives qui freinent les investissements étrangers et limitent l’exploration de nouveaux gisements dans les zones profondes.
Selon les experts réunis lors de ce panel, les chances de découvrir de nouveaux gisements sont faibles, il est donc crucial d’optimiser l’exploitation des ressources existantes pour réduire les risques d’échec. La région, qui représente environ 4 % des 850 trillions de pieds cubes de gaz recensés en Afrique, doit se repositionner en termes de coûts afin d’attirer les investisseurs. Une refonte du cadre fiscal et juridique est plus que nécessaire pour inciter les capitaux étrangers à venir en Afrique centrale, tout en réévaluant le système de bonus de signature, qui représente un frein majeur à l’exploration dans les zones à fort potentiel.
En effet, les pertes d’investissement liées aux contraintes fiscales et aux réglementations dépassent 46 milliards de dollars chaque année, selon l’AEC, et pourraient continuer à croître si un environnement favorable n’est pas instauré. Dans ce contexte, des initiatives comme le Central African Pipeline System (CAPS), qui vise à développer un réseau de 6 500 km de pipelines reliant les pays de la sous-région, apparaissent comme des solutions intégratrices pour sécuriser l’approvisionnement énergétique. L’AEC a plaidé pour une suppression des barrières réglementaires qui compliquent les investissements et pour des partenariats durables avec les entreprises du secteur des hydrocarbures et du gaz.
Le gaz naturel, élément clé de l’industrialisation de la sous-région, est également perçu comme un levier pour le développement économique global. La valorisation de cette ressource permettrait non seulement de fournir de l’énergie à moindre coût, mais aussi de stimuler d’autres secteurs essentiels comme l’agriculture et les mines. En effet, l’Afrique centrale souffre d’un déficit en produits vivriers, et le gaz pourrait jouer un rôle stratégique dans la production d’engrais, améliorant ainsi la sécurité alimentaire. De plus, l’exploitation de ces ressources devrait générer des emplois pour la jeunesse, dans une région où le taux de chômage reste préoccupant.