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Affaire Opiangah : le revirement suspect de Lucie Biloghe fragilise l’accusation

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L’affaire Hervé Patrick Opiangah, déjà marquée par des incohérences et une instruction contestée, vient de connaître un tournant déroutant. Lucie Biloghe, mère de la prétendue victime Elisabeth Menghe Opiangah, a tenu sur la chaîne TV+ des propos en contradiction totale avec ses déclarations officielles faites dans un procès-verbal d’audition du 18 octobre 2024, signé au Commissariat Central de Lambaréné.

Dans ce document judiciaire dont Gabon Media Time a pu consulter copie, elle affirmait avec force :  « Ma fille n’a jamais eu de relations sexuelles avec Monsieur Opiangah. Ce sont les dires des parents d’Obame et de certains collaborateurs de mon mari dans le but de lui nuire» avant de poursuivre qu’« Il n’était nullement question ce jour-là de viol de la part de mon mari comme Monsieur Obame le dit dans ses déclarations. C’était de caprices de jeune fille qui voulait passer du temps avec son petit ami aisément ». 

Or, devant les caméras de TV+, la même Lucie Biloghe a laissé entendre des doutes sur ses propres déclarations, allant jusqu’à remettre en cause les éléments avancés dans le procès-verbal judiciaire. Ce brusque changement de position interroge : quelles sont les motivations réelles derrière ce revirement spectaculaire ?

Un revirement sous influence ?

Cette volte-face interpelle à plus d’un titre. Faut-il y voir une modification volontaire d’un témoignage initialement sincère, ou la conséquence de pressions extérieures ? Un magistrat contacté par Gabon Media Time évoque un scénario troublant : « Dans des affaires aussi sensibles, il n’est pas rare que des témoins clés soient soumis à des influences diverses, qu’elles soient politiques, familiales ou judiciaires. Le problème ici, c’est que la justice risque de s’appuyer sur des déclarations contradictoires pour maintenir une procédure déjà très fragile »

Car cette affaire repose sur un vide probatoire manifeste : pas de preuve matérielle, pas d’aveu, et une présumée victime qui, elle-même, nie les faits. Le maintien des charges contre Hervé Patrick Opiangah, malgré ces éléments, donne du crédit aux soupçons d’un dossier monté de toutes pièces.

Une justice sous pression ?

Le revirement de Lucie Biloghe survient alors que la défense de Hervé Patrick Opiangah a saisi la chambre d’accusation, espérant obtenir un non-lieu face à un dossier qu’ils qualifient de « vide et politiquement instrumentalisé ».

Mais ce retournement tardif sert-il réellement l’accusation, ou la dessert-il en mettant en lumière l’incohérence de la procédure ? Un avocat proche du dossier est formel. « Soit elle a menti devant la police, et elle doit en répondre légalement, soit elle est aujourd’hui manipulée pour réorienter son témoignage. Dans les deux cas, c’est une atteinte grave à la justice et à la présomption d’innocence », a-t-il martelé.

Quel impact pour la suite du dossier ?

Avec ce nouvel élément, la justice gabonaise se trouve face à un dilemme : continuer une procédure de plus en plus bancale, ou reconnaître que l’accusation ne tient plus. L’intervention de Lucie Biloghe sur TV+ ne fait qu’accentuer la confusion et jeter un doute supplémentaire sur l’impartialité du traitement judiciaire réservé à cette affaire.

Une question demeure : Lucie Biloghe a-t-elle été libre dans ses déclarations ou est-elle aujourd’hui sous pression ? Dans un contexte où la justice gabonaise cherche à restaurer son image, ce dossier apparaît désormais comme un test grandeur nature pour mesurer son indépendance et sa capacité à faire primer les faits sur les intérêts personnels ou politiques.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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