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Affaire Opiangah : la justice rejette la demande de non-lieu malgré l’absence de victime

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Dans un rebondissement judiciaire qui défie toute logique, la justice gabonaise a refusé la demande de non-lieu formulée par les avocats d’Hervé Patrick Opiangah, homme d’affaires et figure politique. Ce rejet, basé sur la non-comparution de l’accusé devant le juge d’instruction, suscite de vives interrogations quant au respect des principes fondamentaux du droit pénal.

L’affaire Opiangah, qui secoue la sphère judiciaire gabonaise, repose sur des accusations de mœurs graves, notamment d’attouchements, d’inceste et de viol. Pourtant, aucun élément matériel, aucune preuve tangible ni aucun aveu ne vient étayer les charges retenues contre l’accusé. Fait encore plus troublant : la supposée victime, Elisabeth Opiangah Mengue, a catégoriquement rejeté ces allégations dans un entretien exclusif accordé à Gabon Media Time le 27 décembre 2024.

« J’ai clairement affirmé que les accusations portées contre mon père – attouchements, inceste, viol, séquestration – sont totalement infondées. Ces faits n’ont jamais existé, ni dans mon enfance, ni lorsque j’étais mineur ni à l’âge adulte, ni avant, ni maintenant », avait-t-elle déclaré.

Malgré cette déclaration sans équivoque, le procureur de la République, Bruno Obiang Mve, a motivé son réquisitoire contre le non-lieu en arguant de la non-présentation de l’accusé devant le juge d’instruction. Un argument que de nombreux observateurs qualifient de fallacieux. Aussi, une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation et atteinte à l’honneur a été déposée par  Elisabeth Opiangah Mengue au Tribunal de première instance judiciaire de Libreville, le jeudi 9 janvier 2025. Laquelle n’a toujours pas donné lieu à action de la part de la Justice. 

Le respect de la présomption d’innocence en question

En matière de droit pénal, le principe in dubio pro reo – qui dispose que le doute profite toujours à l’accusé – semble être ici bafoué. Un magistrat, sous couvert d’anonymat, s’est offusqué du rejet de la demande de non-lieu. « Dès l’instant où l’infraction n’est pas constituée et que la victime supposée n’a pas reconnu les faits allégués, le juge doit rendre une ordonnance de non-lieu. Il n’existe pas d’infractions sans élément matériel effectivement réalisé », a-t-il martelé.

Les avocats d’Hervé Patrick Opiangah ont immédiatement fait appel, en saisissant la chambre d’accusation dans l’espoir d’un revirement judiciaire. Mais cette affaire met en lumière un problème plus profond : l’état du système judiciaire gabonais. Une justice en quête de crédibilité, de rigueur et d’indépendance. D’ailleurs le Syndicat national des magistrats du Gabon dans une déclaration le vendredi 07 février dernier martelait par la voix de son président Ladry Abaga Essono  « Nous, magistrats, refusons d’être les complices d’une justice instrumentalisée ». 

Un verdict attendu de la chambre d’accusation

Alors que l’arbitraire semble dominer cette procédure, l’issue du recours introduit par les avocats d’Hervé Patrick Opiangah pourrait sceller le sort de cette affaire hautement médiatisée avec des conséquences à la fois sociales, économiques et politiques. La chambre d’accusation aura-t-elle la sagesse de s’en tenir à une lecture stricte du droit ?

L’opinion publique, les acteurs du monde juridique, les institutions et les représentations diplomatiques saisis récemment par l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS) observent avec attention le développement de ce dossier, qui interroge la capacité du Gabon à garantir une justice impartiale et respectueuse des droits fondamentaux.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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Un commentaire

  1. Il vous serait plus facile d’accéder à une part de vérité en vous diligentant une enquête comme savent le faire les vrais…..
    journalistes!
    En reprenant ces mots « J’ai clairement affirmé que les accusations portées contre mon père – attouchements, inceste, viol, séquestration – sont totalement infondées. Ces faits n’ont jamais existé, ni dans mon enfance, ni lorsque j’étais mineur ni à l’âge adulte, ni avant, ni maintenant »….c’est une insulte grave à la figure de toute une famille qui est privée de son enfant depuis plus de 20 ans , une arrogante instrumentalisation de la justice et dont les termes utilisés ici en guise de négation, rendent bien compte selon cette famille, des crimes dont elle accuse votre saint-homme devenu!

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