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Affaire Bongo : entre contre-vérité politique et stratégie de diversion judiciaire

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Alors que Sylvia Bongo Ondimba et Noureddin Bongo Valentin ont publié une déclaration explosive ce jeudi 3 juillet 2025 accusant le président Brice Clotaire Oligui Nguema de torture et de spoliation, plusieurs faits matériels issus des enquêtes en cours viennent contredire cette version. Entre manipulations médiatiques et amnésie sélective, retour sur les incohérences d’un récit destiné à brouiller les responsabilités dans l’un des plus grands scandales politico-financiers de l’histoire gabonaise. 

Un récit de torture démenti par des faits bien connu par le public. Parmi les accusations les plus graves formulées par Sylvia et Noureddin Bongo, figurent des allégations de séquestration, d’isolement et de torture dans une cellule du Palais présidentiel. Or, plusieurs éléments factuels viennent battre en brèche ce récit.

Tout d’abord, des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux ont montré Ali Bongo Ondimba (ABO) fêtant son anniversaire entouré de ses proches. Une séquence captée dans sa résidence de la Sablière, loin des descriptions d’un homme « en otage » ou « torturé en sous-sol ». De plus, il a reçu au moins trois chefs d’État africains, parmi lesquels, le président en exercice de l’Union africaine, pendant sa supposée détention, ce qui semble incompatible avec l’idée d’une captivité secrète ou d’un traitement inhumain.

Des accusations contre l’État pour éviter les véritables responsabilités

Le communiqué familial tente habilement de déplacer l’attention vers le président de la République, chef du gouvernement. Pourtant, les enquêtes judiciaires en cours au Gabon, menées sous l’autorité des magistrats, ne laisseraient de doute sur l’ampleur du système de prédation mis en place sous le régime Bongo.

Selon des sources judiciaires bien introduites, les derniers éléments de l’instruction font état de près de 266 milliards de francs CFA auraient été versés en dix ans sur un compte personnel d’Ali Bongo Ondimba, sans justification légale ou budgétaire. Des flux financiers massifs qui interrogent sur leur origine, leur destination et leur encadrement institutionnel.

Des biens immobiliers achetés grâce à la corruption et aux rétrocommissions

La défense de Noureddin Bongo Valentin gagnerait à expliquer l’origine des fonds ayant permis l’acquisition de ses deux luxueux appartements, notamment ceux situés dans l’un des quartiers les plus huppés de Libreville à en croire des sources proches du dossier. D’après les investigations en cours, confient des sources judiciaires, ces biens immobiliers auraient été financés à travers des rétrocommissions liées à des marchés d’équipements militaires, surfacturés et détournés au détriment de l’État.

Loin d’un scénario de spoliation, il s’agirait d’un processus de recouvrement des avoirs publics dilapidés, dans le cadre d’une procédure judiciaire où les accusés disposent, par ailleurs, de tous les recours légaux.

Un système offshore de prédation pétrolière en toile de fond

Outre les flux bancaires irréguliers et l’enrichissement personnel, l’enquête gabonaise élargit ses investigations au volet international du pillage des ressources naturelles. Des bateaux battant pavillon gabonais, impliqués dans la vente illégale de pétrole, sont aujourd’hui au cœur d’un scandale transfrontalier.

Ces navires, selon des sources judiciaires, auraient obtenu leur licence grâce à des accords obscurs signés sous le régime déchu, en échange de commissions versées à des hauts dirigeants de l’époque. Un système offshore organisé depuis le sommet de l’État, désormais exposé à la lumière des preuves saisies.

Des preuves contre des accusations politiques

En définitive, la déclaration de Sylvia et Noureddin Bongo apparaît comme une stratégie de défense orientée vers l’opinion publique internationale, dans le but de masquer des faits accablants. Si la justice gabonaise est aujourd’hui interpellée, ce n’est pas pour son autoritarisme, mais parce qu’elle tente – pour la première fois depuis des décennies – d’exiger des comptes à ceux qui se croyaient au-dessus des lois.

Les véritables victimes sont les Gabonais spoliés. La justice n’a pas besoin de fiction, mais de faits. Et les faits sont là : comptes offshore, rétrocommissions, vente illégale de pétrole, acquisitions immobilières douteuses. Une vérité que même les tentatives d’exil médiatique ne suffiront pas à effacer.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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