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Gabon : Banque pour le commerce et l’entrepreneuriat, 4 milliards jetés par la fenêtre ?

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Saluée par l’opinion depuis son annonce par le président de la transition lors de son adresse à la nation, la création d’une banque de l’entrepreneuriat au Gabon pourrait pourtant se heurter à plusieurs défis pouvant conduire à son échec. D’un écosystème entrepreneurial limité, à une faible aversion aux risques par les établissements financiers, en passant par une méconnaissance financière de la part de bon nombre de jeunes porteurs de projets, sans oublier la faiblesse infrastructurelle, les conditions ne semblent pas réunies pour favoriser cette initiative.

Selon le dernier recensement des entreprises gabonaises, au moins 15 000 entreprises sur les 42 000 enregistrées sont dirigées par des nationaux en 2023 soit une moyenne de 35,71%. Cependant, au-delà de ces chiffres éloquents, un aspect interpelle, c’est le taux de mortalité de ces entreprises. Peu d’entre elles passent le cap des 5 ans. Si à cet aspect on ajoute un écosystème entrepreneurial peu solide comprenant des cadres réglementaires encore relativement favorables, un accès à une main-d’œuvre peu qualifiée, des programmes de mentorat et des réseaux encore déficitaires, on obtient un environnement délicat. 

Mais alors, comment comprendre que le gouvernement s’apprête malgré tout à injecter 4 milliards dans la Banque pour le commerce et l’entrepreneuriat au Gabon (BCEG) sous forme de capital de départ? 4 milliards de FCFA pour une nouvelle institution financière, créée dans le but de soutenir les PME locales et les jeunes entrepreneurs, qui naît sur les cendres d’autres institutions nationales telles que la Banque gabonaise de développement (BGD), dont le crash était tout autant prévisible. Une incongruité à l’heure où le pays ne dispose pas d’infrastructures nécessaires à son développement et au développement de ses possibilités.

Un saut dans le grand bain sans véritables structures d’accompagnement

Doté d’un capital de départ dont le montant paraît insignifiant au regard du niveau d’inflation actuelle et surtout quand on sait qu’à côté, le Fonds Okoumé Capital disposait lui pour son lancement, d’une enveloppe de 20 milliards de FCFA, ce décollage au forceps de la BCEG laisse transparaître une absence de stratégie globale, même s’il faut tout de même reconnaître les efforts du gouvernement. Sans véritables fondements, sans éléments probants, sans véritables structures apportant un accompagnement, la BCEG pourrait avoir du mal à identifier des opportunités d’investissement viables et à soutenir la croissance des startups et des petites entreprises.

Considérant la faible aversion au risque des banques qui préfèrent généralement les investissements à faible risque pour garantir la sécurité de leur capital. Considérant par ailleurs, qu’en dépit de l’augmentation de leurs capitaux nets, les banques commerciales restent vulnérables aux chocs endogènes et exogènes, n’aurait-il pas été plus juste de s’attacher les services d’établissements de microfinance? Offrant au passage à ce secteur une meilleure exposition? Quand on sait que l’entrepreneuriat comporte souvent des risques élevés et que l’Etat faillit très souvent en matière de gouvernance, difficile d’imaginer une suite favorable à cette initiative. Wait and See!

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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