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Transport routier : plus de passagers, mais un chiffre d’affaires en chute libre en 2024

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Le secteur du transport routier au Gabon, qui englobe le transport urbain, périurbain, interurbain et l’acheminement de marchandises, a terminé l’année 2024 sur une note contrastée. Si le nombre de passagers et le parc automobile affichent une progression notable, le chiffre d’affaires accuse, lui, une baisse préoccupante de 16,1%.

Selon les données du ministère de l’Économie, le parc automobile a connu une véritable explosion en 2024, doublant en un an (+101,2%) pour atteindre en moyenne 652 véhicules (taxis, bus et autobus) contre 324 en 2023. Cette montée en puissance a permis de transporter 24,4 millions de passagers, soit une hausse de 5,6% sur un an.

Une performance qui s’explique notamment par la poursuite de la politique de gratuité dans les principales métropoles, particulièrement au bénéfice des élèves et des usagers réguliers des transports publics.

La gratuité, une équation à double tranchant

Mais derrière ces chiffres encourageants en termes de mobilité, le revers de la médaille est lourd : le chiffre d’affaires du secteur s’est contracté de 16,1%, chutant à 12 milliards de FCFA. En cause, la gratuité persistante de la desserte des navetteurs par les entreprises publiques, qui réduit mécaniquement les recettes.

Autrement dit, plus de passagers ne riment pas forcément avec plus de revenus. Une situation qui interroge sur la viabilité à long terme de ce modèle et sur sa soutenabilité pour les finances publiques.

Plus d’emplois, mais une masse salariale lourde

Le secteur reste néanmoins créateur d’emplois : 1 257 agents y étaient employés en 2024, contre 1 176 en 2023 (+6,9%). Mais cette dynamique pèse lourdement sur les charges, la masse salariale ayant bondi à 11,8 milliards de FCFA.

Avec une demande croissante de mobilité et un parc automobile en expansion, le transport routier au Gabon reste un secteur stratégique. Mais le déséquilibre entre hausse des passagers et chute des recettes révèle une contradiction structurelle. Faut-il maintenir coûte que coûte la gratuité au détriment de la soutenabilité financière ? Ou trouver un modèle mixte capable d’assurer à la fois l’accessibilité sociale et la rentabilité économique ? Dans un contexte de réformes budgétaires, la question mérite d’être posée sans détour.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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