Gabon : mariés à la coutume, ces « célibataires » en droit qui s’ignorent !

Au Gabon, des milliers de couples privilégient l’union sacrée, scellée par les rites ancestraux. Pourtant, en droit gabonais, ces mariages coutumiers n’ont aucune valeur juridique. Seule la célébration civile devant un officier d’état civil confère des effets légaux à l’union. Cette réalité, souvent ignorée, laisse de nombreux « mariés » dans un statut de célibataires aux yeux de la loi.
C’est une situation qui a des conséquences dramatiques sur leurs droits et ceux de leurs familles. Le Code civil gabonais, inspiré du modèle français, est clair : le mariage doit être célébré par un officier public pour être valide. Selon l’article 203 et suivants, le mariage civil est la seule forme reconnue, fixant l’âge minimum à 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes, avec des exceptions possibles mais strictement encadrées.
Mariage coutumier, un choix plein de risques ?
Les mariages coutumiers impliquent le paiement d’une dot, le déroulement des cérémonies traditionnelles et accords familiaux. Des étapes qui sont culturellement prépondérantes. En effet, ces actes sont pratiqués par une large majorité des Gabonais mais dépourvus de force légale depuis l’abolition de la dot par la loi n°20/63 du 31 mai 1963. Comme l’explique une étude socio-anthropologique, « sur le plan juridique, seul le mariage civil a une valeur légale ».
Pourtant ce ne sont pas les propositions de lois qui manquent. D’Alain-Claude Bilie-By-Nze à Ernest Ndassikoula, le leitmotiv a été le même : légaliser le mariage coutumier. Aussi, les tentatives de légalisation existent comme le projet de loi de 2020 visant à reconnaître le mariage coutumier. Seulement, elles n’ont pas abouti à une pleine intégration dans le droit positif, laissant persister un vide juridique.
Les implications sont sévères. Sans mariage civil, les conjoints n’ont aucun droit successoral automatique. Une veuve coutumière peut se voir dépossédée par la famille du défunt, sans recours légal pour l’héritage ou la pension. Les enfants, bien que légitimes culturellement, risquent des complications pour la filiation et la nationalité. En cas de séparation, pas de divorce judiciaire, ni de partage des biens ou de pension alimentaire imposée.
L’UNICEF Gabon a d’ailleurs confirmé : « seule le mariage civil célébré par un officier d’enregistrement civil est reconnu ». En 2025, à l’ère de la 5eme République, les maux restent les mêmes pour les gabonais qui s’adonnent à l’union coutumière. Ayant le courage de le dire, ce mariage « n’a pas de valeur légale au Gabon ».
Cette dissonance entre tradition et modernité expose les familles à l’insécurité juridique mais également sociale. À défaut de voir ce mariage légalisé, les couples doivent le compléter par un acte civil. Sinon, ils restent, en droit, des célibataires qui s’ignorent, vulnérables face à la loi implacable. Sapristi !
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