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Concours de la Magistrature : « Il n’y aura pas de passe-droit », selon Pierre Ndong Aboghe

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À quelques jours des épreuves du concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature (ENM), prévues les 23 et 24 août 2025, le Directeur général de l’institution, Pierre Ndong Aboghe, a tenu à rassurer l’opinion. Dans une interview accordée ce lundi 11 août, il a affirmé que toutes les garanties de transparence, d’équité et de mérite sont réunies. Objectif : recruter la crème des magistrats et des greffiers, sans favoritisme.

Depuis le 17 juillet dernier, l’ENM a été le théâtre d’un engouement massif autour de la phase d’enrôlement des dossiers. Avec près de 5 000 candidatures enregistrées à la date de clôture, l’opération illustre l’intérêt grandissant des Gabonais pour la justice. Pourtant, pour Pierre Ndong Aboghe, l’heure n’est pas aux chiffres, mais à la rigueur. À ses yeux, l’enjeu est clair : former une nouvelle génération de professionnels du droit, compétents et intègres, pour répondre à une demande croissante de justice dans le pays.

Un concours pour combler un déficit structurel

Selon le Directeur général de l’ENM, l’objectif gouvernemental est de remédier à une carence structurelle en personnels judiciaires. « Un juge fait aujourd’hui le travail de trois ou quatre juges », souligne-t-il, en évoquant l’urgence d’un renouvellement massif des effectifs. Le recrutement en cours vise à former 200 magistrats et 100 greffiers, une première étape vers un rattrapage progressif, d’autant plus nécessaire à l’heure où de nouvelles juridictions voient le jour dans plusieurs provinces.

L’intérêt du public pour ce concours s’est confirmé dans les chiffres. « Nous ne sommes pas loin des 5 000 dossiers enrôlés », indique Pierre Ndong Aboghe. Toutefois, un déséquilibre notable persiste entre les filières : les postes de greffiers principaux attirent davantage que ceux de conseillers de greffe, malgré le niveau Master exigé. Une situation que le magistrat juge absurde, plaidant pour une réforme du statut des greffiers.

Transparence, rigueur et équité garanties

Conscient des soupçons souvent associés aux concours administratifs, Pierre Ndong Aboghe a insisté sur les garde-fous mis en place. « Il n’y aura pas de passe-droit. Aucun candidat ne sera retenu s’il n’a pas participé aux évaluations », a-t-il martelé. Le jury, présidé par un professeur agrégé, a été choisi pour son impartialité et son expertise. L’ensemble du processus se déroule en collaboration étroite avec le Ministère de la Justice et la Fonction publique.

Interrogé sur la polémique autour de la limite d’âge fixée à 33 ans, il a clarifié : « C’est la loi n°40/2023 qui s’applique. Le critère est la date de naissance, pas l’année civile. » Selon lui, ce plafond est cohérent avec la durée de formation, puisque les lauréats sortiront de l’école à 35 ans, âge limite de recrutement dans la fonction publique.

Un défi organisationnel relevé avec rigueur

Malgré la pression liée au volume des dossiers, l’ENM dit avoir relevé le défi logistique. « Nous avons parfois travaillé jusqu’à 22h, y compris le samedi », confie le Directeur général. S’il regrette que de nombreux candidats aient attendu la dernière minute, il se félicite que l’opération d’enrôlement se soit déroulée sans incident majeur.

Avec les épreuves fixées dans moins de deux semaines, l’accent est désormais mis sur la phase de sélection. « Je discute avec les candidats, je leur parle de rigueur et de méthode. Nous voulons qu’ils soient prêts », insiste Pierre Ndong Aboghe, en bon pédagogue.

Former la crème des magistrats et greffiers

Magistrat depuis plus de 35 ans et enseignant universitaire depuis 1988, Pierre Ndong Aboghe sait que la crédibilité de la justice gabonaise commence à l’école. Il veut en faire un sanctuaire d’excellence. « On a tellement décrié la magistrature. Il est temps de redorer l’image du corps. Cela commence ici », affirme-t-il avec gravité.

Avant de conclure par un message à tous les postulants : « Bonne chance à chacun. Mais que les choses soient claires : il n’y aura pas de liste préétablie. Chacun devra faire ses preuves. »

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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