Lambaréné : flambant neuf, le marché Lalala déjà livré aux asticots
À Lambaréné, capitale du Moyen-Ogooué et ville nourrie par les eaux du fleuve Ogooué, l’insalubrité des espaces de vente de poisson choque et révolte. Alors que l’activité de la pêche et de l’écaillage constitue un poumon économique vital pour des centaines de familles, les conditions dans lesquelles ces produits sont apprêtés posent une question grave. La santé des populations est-elle réellement une priorité pour les autorités locales et nationales ?
Construit pour moderniser l’activité commerciale, le marché flambant neuf de Lalala à Lambaréné offre déjà le visage d’un échec administratif. Sur place, les jeunes écaillers manipulent le poisson dans un environnement nauséabond, à même le sol, parmi les asticots et sans aucune eau pour nettoyer. « Le rôle des écaillers, c’est écailler le poisson. Payer les taxes municipales. Mais c’est à la mairie de veiller à ce que le lieu soit propre », confie un jeune résigné rencontré sur place.

Cette situation, loin d’être une fatalité, traduit l’incapacité des autorités municipales à assumer leur responsabilité de base : garantir un minimum d’hygiène pour un espace où l’on manipule des denrées destinées à la consommation humaine.
Silence coupable des autorités
Au-delà des élus locaux, l’inaction de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) interroge. Présente à Libreville où elle multiplie les descentes spectaculaires, son inaction à l’intérieur du pays est frappante. Comment comprendre que des produits infestés de parasites soient écoulés au vu et au su de tous, sans intervention ni sanctions ?
En période électorale, alors que les discours des candidats saturent l’espace public, le contraste est saisissant : beaucoup promettent « bien-être » et « développement », mais la réalité quotidienne des citoyens vivants à Lambaréné ou de passage demeure celle des asticots et de la puanteur.
Une santé publique sacrifiée ?
La question est simple et brutale : si un marché flambant neuf est déjà laissé à l’abandon, que deviendra-t-il dans quelques années ? Lambaréné illustre ici une faillite collective, celle d’élus plus préoccupés par leur réélection que par la santé des habitants, et d’une administration centrale qui choisit ses terrains d’action. À force de tolérer l’intolérable, c’est la crédibilité même des institutions qui se délite. Et ce sont les citoyens, encore une fois, qui paient le prix fort.









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