Gabon : le master, un diplôme peu valorisé dans les PME ?

Au Gabon, le master, diplôme de niveau bac+5, est souvent perçu comme une porte d’entrée vers des carrières prometteuses et des salaires attractifs. Pourtant, dans le contexte des petites et moyennes entreprises (PME), revendiquer une rémunération à la hauteur de ce diplôme peut s’apparenter à une gageure, voire à une hérésie. Cette situation s’explique par les contraintes économiques et structurelles auxquelles ces entreprises font face, conjuguées à un soutien étatique limité.
Les PME, qui constituent une part importante du tissu économique gabonais, opèrent dans un environnement en proie à des défis majeurs. Au nombre de ceux-ci, l’accès restreint au financement, les charges fiscales élevées et le faible accompagnement de l’État. Contrairement aux grandes entreprises ou au secteur public, où des grilles salariales peuvent être alignées sur les qualifications, les PME fixent leurs salaires en fonction de leurs capacités financières immédiates.
Les PME poussées vers l’arbitraire par l’État ?
C’est la question qu’il est judicieux de se poser quand on observe le paradigme structurel de l’entrepreneuriat au Gabon. En dépit des discours pompeux et creux des politiques, les PME gabonaises peinent à répondre à la demande croissante de ressources, notamment en raison d’un déficit d’infrastructures et de soutiens institutionnels. Dans ce contexte, exiger un salaire correspondant à un master, souvent estimé à environ 2000 euros net en Europe pour un jeune diplômé, est irréaliste pour une PME gabonaise.
Au Gabon le salaire minimum légal est fixé à 150 000 FCFA soit environ 230 euros. En outre, la valorisation des compétences issues d’un master n’est pas toujours évidente dans les PME. Et pour cause, ces structures sont très souvent axées sur des besoins opérationnels immédiats. Résultat, les managers privilégient des profils polyvalents plutôt que des spécialisations pointues. Dans cette logique, un diplômé de master peut se voir confier des tâches ne correspondant pas à son niveau d’études.
Toute chose qui participerait à limiter ses qualifications. Par ailleurs, les PME gabonaises, contrairement aux grandes écoles ou entreprises internationales, n’ont pas les moyens d’investir dans la formation continue ou dans des grilles de rémunération compétitives. Une carence de nature à accentuer l’écart entre les attentes des diplômés et la réalité du marché. L’État gabonais, bien qu’engageant des réformes comme le nouveau système de rémunération des agents publics, offre peu de mesures concrètes pour soutenir les PME dans la revalorisation salariale.
GMT TV