Union africaine : à Malabo, Oligui Nguema signe le grand retour du Gabon dans l’arène panafricaine

En marge du 7ᵉ sommet de coordination entre l’Union africaine (UA) et les communautés économiques régionales (CER), le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema a pris la parole lors du “Malabo Leadership Breakfast Meeting” dans un discours à la fois stratégique, panafricain et étonnamment diplomatique. Entre plaidoyer pour la justice réparatrice, dénonciation des lenteurs institutionnelles africaines et révélation d’une rencontre informelle avec Donald Trump, Libreville redéfinit sa place sur l’échiquier continental.

Justice, intégration pragmatique, souveraineté : une vision africaine assumée. « Le 30 avril 2025 restera une date historique dans la mémoire collective des Gabonais : celle de notre retour officiel au sein de la grande famille de l’Union africaine », a déclaré le Chef de l’État d’entrée de jeu. Devant un parterre de dirigeants africains, Brice Clotaire Oligui Nguema a ensuite déroulé une vision résolument panafricaine, articulée autour de l’Agenda 2063 et d’une Afrique « stable, prospère et solidaire ».

Appelant à dépasser les cloisonnements technocratiques et les chevauchements institutionnels, le président gabonais a plaidé pour « une intégration régionale plus pragmatique », avec cinq priorités : la libre circulation des personnes, l’interconnexion énergétique, la sécurité alimentaire, la réponse climatique et la ZLECAF comme levier de transformation économique.

Sur le thème central du sommet – « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations » – Oligui Nguema a réitéré l’engagement du Gabon à soutenir un mécanisme continental de justice réparatrice : « L’avenir de l’Afrique ne se décrète pas ailleurs. Il se construit ici, avec méthode, audace et solidarité », a-t-il martelé.

Révélation diplomatique : un mini-sommet avec Donald Trump à Washington

Dans un passage inattendu de son discours, le Président gabonais a révélé sa participation à un mini-sommet à Washington, convoqué par l’ancien président américain Donald Trump, aux côtés de ses homologues du Sénégal, de la Guinée-Bissau, du Libéria et de la Mauritanie. Une rencontre qui aurait notamment porté sur les ressources naturelles du continent, mais aussi sur des discussions sensibles autour de l’immigration illégale et de la réinstallation de migrants en Afrique, une hypothèse que le Chef de l’État gabonais a prudemment « renvoyée à la souveraineté de chaque État ».

Un Gabon prêt à accueillir un sommet continental

En clôture, Brice Clotaire Oligui Nguema a proposé que le Gabon accueille la 9ᵉ réunion de coordination de l’Union africaine en juillet 2027, une candidature qui, si elle était retenue, symboliserait le retour du Gabon au cœur de la diplomatie africaine et confirmerait l’ambition multilatérale du nouveau régime de la 5ᵉ République.

En l’espace d’un discours, Libreville a opéré un repositionnement stratégique, combinant ambitions panafricaines, initiatives concrètes et signaux diplomatiques puissants. Le message est clair : le Gabon entend redevenir un acteur central de l’Afrique en mouvement.