Restrictions de l’UE sur l’Okoumé : une industrie à 500 milliards de Fcfa par an en péril
Le Gabon, leader africain de l’exportation d’Okoumé pourrait bientôt être confronté à un défi majeur : la restriction envisagée par l’Union Européenne (UE) sur les importations de bois tropical dont l’okoumé. Cette décision, motivée par des préoccupations environnementales et une volonté de limiter la déforestation importée, pourrait avoir des répercussions significatives sur l’une des industries les plus stratégiques du pays. Une industrie au potentiel de 200 milliards de FCFA par an et capable de créer des milliers d’emplois.
L’exploitation forestière contribue à environ 5% du PIB gabonais et représente un secteur clé pour la diversification de l’économie nationale. L’okoumé, en particulier, constitue 70% des exportations de bois transformé, notamment sous forme de contreplaqué et de placage. Avec une demande soutenue en Europe et en Asie, cette essence précieuse est au cœur de l’industrie forestière gabonaise, générant des milliers d’emplois directs et indirects.
En effet, en 2023, les exportations gabonaises de produits forestiers, dont l’okoumé, ont rapporté environ 350 milliards de FCFA. Une restriction de l’UE pourrait ainsi priver le pays d’une part importante de ces revenus, tout en fragilisant les emplois dans les secteurs de la transformation et du transport. Si l’UE justifie cette restriction par le besoin de s’assurer que les importations de bois respectent des normes strictes en matière de traçabilité et de durabilité, il n’en demeure pas moins qu’une telle mesure aurait des répercussions économiques significatives.
L’Okoumé déjà issu de forêts certifiées
Si l’okoumé gabonais est déjà en grande partie issu de forêts certifiées, le pays devra donc intensifier ses efforts pour répondre aux nouvelles exigences. Le Gabon a récemment renforcé son cadre de gestion durable des forêts, avec des initiatives comme le Programme national de développement des forêts (PNDF), visant à atteindre 100 % de certifications FSC (Forest Stewardship Council) d’ici 2030. Parallèlement, le pays s’est engagé à maximiser la transformation locale de ses ressources forestières.
En outre, depuis l’interdiction de l’exportation des grumes brutes en 2010, le pays a fait de la production de contreplaqué, de placage et d’autres produits finis une priorité, augmentant ainsi la valeur ajoutée et réduisant l’impact des fluctuations du marché international des matières premières. La menace des restrictions européennes qui pèse sur ce secteur capable de générer jusqu’à 500 milliards de FCFA de revenus par an, grâce aux nombreuses initiatives locales qui devraient permettre de dégager 200 milliards de FCFA supplémentaires à rajouter aux 300 milliards de FCFA actuels.