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REAGIR : le siège vidé en pleine procédure judiciaire, le camp Ndong Obiang accusé de forfaiture

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À moins d’un mois du jugement prévu dans le conflit opposant deux ailes du parti souverainiste Réagir, une manœuvre pour le moins spectaculaire a surpris les observateurs. Le 15 juillet 2025, le siège du mouvement, situé à Bas de Gué-Gué, a été entièrement vidé par un camion affrété, selon plusieurs sources, par François Ndong Obiang lui-même. Mobilier, archives, enseigne : tout a disparu. Et avec les clés.

Ce qui s’apparente à un coup de force vient de faire voler en éclats les derniers espoirs de conciliation entre les deux camps qui se disputent la direction de Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction (Réagir). En plein contentieux judiciaire, dont l’audience est fixée au 12 août prochain, les proches de François Ndong Obiang, ministre de la Réforme des institutions et « président fondateur » autoproclamé, ont vidé les lieux dans la plus grande discrétion. Ce que certains n’hésitent pas à qualifier de « déménagement clandestin ».

Une stratégie de la terre brûlée

Les images du camion chargé à saturation, quittant les locaux sans qu’aucun militant ne soit en vue, ont suscité l’incompréhension. Sur place, plus aucun signe de vie. « Tout a été emporté, jusqu’à l’enseigne du siège », confie une source interne. Les clés auraient également disparu, renforçant la thèse d’un acte prémédité visant à rendre inopérante la restitution des lieux en cas de décision défavorable.

« Je n’ai reçu aucune information, je ne possède même pas les clés », s’est étonné Félix Bongo, vice-président du parti et plaignant principal dans l’affaire portée devant la justice. Pour rappel, ce dernier accuse l’ancien ministre d’avoir investi les lieux sans titre ni droit, alors même qu’il ne figure sur aucune liste de cotisation au sein du parti.

Le silence troublant du clan Ndong Obiang

Le mutisme du camp de l’ancien candidat à la présidentielle, pourtant épinglé par la justice dans cette affaire, interroge. Trois de ses proches, Bruno Ondo Mintsa, Fabrice Ekomo Ossazeh et Denard Ovono alias « Wayne », ont déjà été inculpés début juillet pour leur rôle présumé dans l’occupation illégale des locaux. Mais loin d’attendre le verdict, c’est une véritable opération de repli stratégique qui semble avoir été menée, renforçant la défiance autour du personnage de François Ndong Obiang.

Alors que la bataille pour le contrôle du parti Réagir devait se jouer dans le prétoire, elle s’est visiblement déplacée sur le terrain symbolique. À la veille des élections locales et législatives, ce geste est perçu comme un acte de défi envers les institutions. Pour certains militants, « le président n’a pas seulement vidé les lieux, il a emporté ce qui restait de l’unité du parti ».

Le 12 août, la justice gabonaise devra trancher. Mais pour l’heure, c’est l’image d’un siège fantôme et d’un déménagement politique aux allures de sabotage qui s’impose dans l’opinion.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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