Présidentielle 2025 : l’éviction de Jean Rémy Yama révèle-t-elle un scrutin verrouillé ?

Alors que le Gabon se prépare à une élection présidentielle censée ouvrir une nouvelle ère démocratique, l’exclusion de Jean Rémy Yama alimente les soupçons d’un processus biaisé. Le président du du Parti national pour le travail et le progrès dénonce une manœuvre politique orchestrée au plus haut sommet de la Transition.
À mesure que s’ouvre la campagne pour la présidentielle du 12 avril 2025, la promesse d’un scrutin inclusif, portée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), semble se heurter à la réalité des pratiques politiques anciennes. La disqualification de Jean Rémy Yama, président du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP), suscite interrogations et indignation.
Invité sur Le Canapé Rouge de Gabon Media Time le 26 mars, l’ancien syndicaliste n’a pas mâché ses mots. Selon lui, son exclusion ne repose sur aucun fondement légal solide, mais bien sur une volonté manifeste d’écarter un candidat gênant. « Mon dossier a été jugé complet, 16 pièces y figuraient. Le rejet de dernière minute est politique. Et c’est regrettable », a-t-il martelé.
Le cœur du litige ? Un document censé attester de la nationalité d’un de ses grands-parents. Accepté initialement par la commission, un équivalent a ensuite été refusé, moins de 24 heures avant la publication officielle des candidatures. « Ils ont publié un communiqué un dimanche à 15 heures, alors que le lundi je disposais de la pièce demandée. C’est un piège, une manœuvre d’exclusion, pas une procédure équitable », a-t-il poursuivi.
Jean Rémy Yama va plus loin, pointant du doigt le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, également candidat. « Le président a taillé la liste des candidats qu’il voulait affronter. Mon nom ne faisait pas partie de ceux qu’il était prêt à voir face à lui. Il savait que j’aurais gagné », a -t-il précisé.
Un processus électoral verrouillé ?
Alors que la Transition avait pour objectif de réconcilier les Gabonais avec la démocratie, l’éviction de candidats jugés sérieux remet en question l’équité du processus. À l’heure où le PDG, ancien parti au pouvoir, soutient officiellement le général Oligui Nguema, nombreux sont ceux qui dénoncent un recyclage politique orchestré dans les habits d’une refondation.
L’affaire Yama met en lumière un mal plus profond : le retour insidieux à une logique de contrôle de la compétition politique, au détriment de l’expression populaire. Si l’administration devient l’instrument de l’exclusion, que reste-t-il du principe de souveraineté du peuple ?
En définitive, à vouloir modeler le paysage électoral, la Transition pourrait bien trahir l’esprit du 30 août 2023. Car la crédibilité d’un scrutin ne se mesure pas à l’ampleur des meetings, mais à la liberté réelle des citoyens de choisir entre toutes les options. Aujourd’hui, le doute s’installe. Et le débat s’impose.
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