Présidentielle 2025 : la tentation de l’abstention face à une campagne saturée de PDGistes

Alors que la campagne présidentielle débute dans un climat tendu, la composition de l’équipe de campagne du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pourrait bien jeter une ombre sur la crédibilité de sa promesse de rupture. En cause, une présence massive – et désormais assumée – de figures emblématiques du Parti Démocratique Gabonais (PDG), pourtant déchu à la suite du coup d’État du 30 août 2023. Une situation qui suscite incompréhension, désillusion et, plus dangereusement, un risque réel d’abstention chez une frange lucide de la population, exaspérée par la résurgence d’un système honni.
La campagne d’un homme, portée par l’ancien système ? Blaise Louembé, Faustin Boukoubi, Régis Immongault, Jean-Pierre Oyiba, Angelique Ngoma, Pacôme Moubelet, et tant d’autres anciens dignitaires du régime Bongo-PDG, figurent désormais en bonne place dans la coordination de campagne du président de la Transition. Ces personnalités, que la rue gabonaise associait hier encore aux dérives du pouvoir, se retrouvent aujourd’hui en première ligne pour faire élire celui qui les a pourtant délogées. Pour de nombreux Gabonais, ce recyclage massif représente non seulement une trahison de l’esprit du 30 août, mais aussi une insulte à la mémoire de cette rupture démocratique arrachée sans effusion de sang.
La transition était censée tourner la page du bongoïsme. Elle risque de la réécrire à l’encre d’un opportunisme politique désormais flagrant. « Le système est encore en place, il a juste changé de costume », confiait un électeur dans les rues de Libreville, laconique mais désabusé.
Un risque de désaffection citoyenne lourd de conséquences
Face à cette mascarade de renouvellement, le peuple pourrait choisir une autre voie : celle du silence des urnes. Car si le système Bongo-PDG n’a pas été éradiqué mais subtilement recyclé, à quoi bon voter ? Cette question, de plus en plus posée, témoigne d’une lassitude profonde, d’un sentiment d’impuissance citoyenne face à ce qui apparaît comme une vaste opération de cosmétique politique.
En intégrant massivement les anciens dignitaires du régime dans son équipe, Oligui Nguema prend le risque d’étouffer la dynamique populaire née de la transition. Il mise sur les relais locaux du PDG, mais pourrait en réalité se couper d’un électorat qui, loin d’oublier, associe les noms de ces figures à la corruption, au clientélisme, à la confiscation de l’État et à l’appauvrissement d’un pays riche.
Le danger est réel : si la présidentielle du 12 avril devient un plébiscite orchestré par les anciens du système, la transition perdra sa légitimité historique et populaire. Et avec elle, l’espoir d’un véritable renouveau démocratique.
JE NE SAIS PAS SI VOUS FAITES SEMBLANT OU SI VOUS ETES VRAIMENT DES JOURNALISTES? (C’EST A DIRE DES PERSONNES QUI ONT JURE DE DIRE LES VERITES CONTRE VENTS ET MAREES).