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Pr. Franck Idiata : « Dans 200 ans plus de la moitié de ces langues vont disparaître »

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À l’ occasion de la journée internationale de la langue maternelle, le professeur psycholinguiste, Daniel Franck Idiata, dans une interview accordée à la rédaction de Gabon Média Time, a tiré la sonnette d’alarme sur l’avenir des langues nationales au risque de les voir intégrer l’aire de la désuétude. Un changement majeur impactant fortement la pérennité de nombreuses langues du Gabon.

Étant le premier code de langage dès le bas âge, la langue maternelle est célébrée depuis 25 ans à travers le monde. Au Gabon, elle est célébrée sous le thème: « Les langues comptent: célébration du Jubilé d’argent de la journée internationale de la langue maternelle ». Un thème qui, pour le Pr. Franck Idiata présente l’urgence de préserver le patrimoine linguistique gabonais face à un monde en constante évolution.

L’urbanisation, un facteur d’uniformisation linguistique

L’une des causes majeures de cette érosion linguistique est l’urbanisation rapide du pays. Libreville, la capitale, ainsi que les grandes villes comme Port-Gentil et Oyem, concentrent une population toujours plus nombreuse. « 80% de la population gabonaise réside en ville . Notamment Libreville, on parle de plus de 70% de toute la population gabonaise à Libreville », indique le Pr. Franck Idiata, soulignant que ce phénomène d’exode rural, met un barrage à la transmission des dialectes.

Aussi, en zones urbaines, le français s’impose comme la langue dominante, non seulement dans les administrations et les écoles, mais aussi dans la vie quotidienne des jeunes générations. « Malheureusement, dans une ville comme Libreville, la langue d’intégration et de communication principale c’est le français », a-t-il souligné. La moitié des langues nationales sur la voie de l’extinctionSelon le psycholinguiste Franck Idiata, la majorité des langues gabonaises seront complètement éteintes d’ici l’an 2225. « Les prévisions sont très très pessimistes, dans 200 ans plus de la moitié de ces langues vont disparaître. », a déploré le Pr. Franck Idiata.

Cette disparition va créer non pas une perte de communautés mais engendrera «la substitution linguistique, les gens vont parler les langues d’autres communautés. » Afin de préserver cet héritage linguistique pour les jeunes générations actuelles et à venir, il est primordial d’encourager le travail des linguistes. En effet, ces derniers qui sont les plus à même de répondre à ce problème, sauront « construire le système écrit de la langue. À partir des travaux des linguistes, on va pouvoir produire tous types de documentation », conclut-il.

Dans l’optique de pallier ce problème qui se fait de plus en plus urgent, l’inclusion de ces dialectes dans le système éducatif ne doit plus se faire attendre. Alors que le Gabon célèbre le Jubilé d’argent de la journée des langues maternelles, les regards sont désormais tournés vers les conclusions de l’atelier de réflexion sur l’intégration des langues maternelles dans le système éducatif gabonais tenu depuis le 17 février par le ministère de l’Education nationale.

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