Port-Gentil : vers la construction d’un établissement pénitentiaire pour mineurs

Le Gabon franchit un cap décisif en matière de protection de l’enfance. Port-Gentil, capitale économique du pays, accueillera la toute première maison d’arrêt spécialement dédiée aux mineurs en conflit avec la loi. Une avancée majeure portée par la détermination de Greta Marat-Abyla, présidente du tribunal pour enfants de la ville.
C’est le 10 avril dernier, sous la présidence du gouverneur de l’Ogooué-Maritime, Jean Robert Nguema Nnang, qu’a été posée la première pierre de cette infrastructure novatrice. Adossée à la prison centrale de Port-Gentil, la future maison d’arrêt pour mineurs répond à une exigence claire du Code de l’enfant gabonais, notamment dans ses articles 208 et suivants : séparer les enfants des adultes et leur offrir un environnement adapté à leur âge, leur développement et leur réinsertion.
Un projet mûri par l’expérience et le plaidoyer
À l’origine de cette initiative, une magistrate engagée : Greta Marat-Abyla. Depuis près de quatre ans, elle milite pour la création d’un espace de détention respectueux des droits de l’enfant. « Ce projet est né d’une indignation face aux conditions de détention des mineurs », confie-t-elle. Elle rend également hommage au directeur de la prison, Ismaël Ngoussi, qui, bien avant le chantier, avait déjà mis en place des initiatives en faveur des jeunes détenus : coin télévision, activités éducatives, espaces séparés.
Le futur établissement prévoit une structure complète : dortoirs séparés pour filles et garçons avec sanitaires intégrés, infirmerie, réfectoire, bureaux pour le personnel, psychologue, travailleur social, salle polyvalente et aire de jeux. « C’est une maison d’arrêt, mais aussi un lieu de reconstruction sociale et psychologique », souligne un agent judiciaire impliqué dans le projet.
Vers une nouvelle culture de la détention des mineurs
Cette avancée s’inscrit dans une dynamique plus large de réforme de la justice juvénile au Gabon, au cœur des priorités du ministère de la Justice depuis la Transition. Le projet de Port-Gentil pourrait faire figure de modèle à répliquer dans d’autres provinces. « J’ai porté ce rêve et peu de gens y ont cru […] J’ai saisi l’occasion pour travailler avec Assala pour aboutir à la matérialisation de ce projet », a souligné la présidente du tribunal pour enfants de Port-Gentil.
Par ailleurs, martèle-t-elle « la maison d’arrêt pour mineurs est une maison double : fille et garçon. Nous restons engagés pour l’amélioration des conditions de nos enfants ». Il va sans dire que pour Greta Marat-Abyla, bien au-delà de l’infrastructure, c’est toute une vision qui s’exprime : celle d’un État plus attentif à ses enfants, même ceux en marge de la loi.
Un changement de paradigme, où la détention ne doit plus rimer avec marginalisation, mais avec espoir et réinsertion. La justice pour enfants au Gabon vient de poser une première pierre, au propre comme au figuré. Il reste à poursuivre la construction, avec la même rigueur et le même engagement.
GMT TV