Port-Gentil : un jeune tué par un policier, l’État en service minimum ?

Alors que le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, Hermann Immongault, multiplie les annonces sur la rigueur et la restauration de l’autorité de l’État, la mort de Franzy Nguembi à Port-Gentil révèle un tout autre visage de la gestion sécuritaire au Gabon : une dérive incontrôlée, une réponse policière disproportionnée, et surtout une absence criante de doctrine d’intervention.
Dans la nuit du 2 mai 2025, au quartier Chic à Port-Gentil, Franzy Nguembi, 26 ans, a été mortellement touché par une balle tirée par un policier en service. Le coup fatal, logé au niveau de l’abdomen, aurait été tiré, selon l’agent, « dans un moment de panique », alors qu’il affirmait faire face à un groupe d’individus armés de machettes. Il visait, dit-il, la jambe. Il a atteint le torse. Résultat : une famille endeuillée, un policier incarcéré pour homicide involontaire, et une institution policière une fois de plus discréditée.
Une intervention solo, une hiérarchie muette
Le plus troublant dans cette affaire réside dans le mode opératoire : le policier était seul en intervention, suite à une plainte déposée contre le frère aîné de la victime. Une erreur tactique grave dans une zone réputée sensible. Comment expliquer qu’un agent, armé, soit envoyé seul sur le terrain, sans renfort, sans cadre, sans supervision ? Où est passée la réforme de la doctrine d’intervention promise par le ministère de l’Intérieur ?
Hermann Immongault interpellé : la sécurité ne se gère pas à coups de slogans. Le ministre Hermann Immongault, récemment reconduit à son poste et porteur d’une feuille de route ambitieuse dans le cadre de la 5e République, ne peut rester silencieux. Cette bavure révèle l’urgence de repenser l’encadrement des forces de police. Où en est la police de proximité annoncée ? La formation continue des agents ? Le contrôle de l’usage des armes de service ? La rigueur ne peut être un concept cosmétique. Elle doit produire des résultats. Et épargner des vies.
Silence institutionnel et “arrangement” en coulisses ?
Alors que l’enquête a été confiée à l’Inspection générale des Forces de police nationale, une source judiciaire révèle qu’un accord aurait été trouvé entre la famille du policier et celle de la victime. Un arrangement financier qui, s’il est confirmé, signerait l’aveu d’une justice à deux vitesses. Où est l’État ? Où est l’exemplarité ? Où est la réparation morale ?
Cette affaire interpelle tous les niveaux de responsabilité, à commencer par le ministre de tutelle. Le drame de Port-Gentil ne doit pas être un fait divers classé dans l’oubli. Il est le révélateur d’un système à bout de souffle. Un système qui, tant qu’il ne sera pas réformé en profondeur, continuera de produire des victimes.
GMT TV