Perte de Mbanié : Bilie-By-Nze demande des comptes aux autorités gabonaises

Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI) ce mardi 20 mai 2025, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a réagi avec gravité à la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye attribuant la souveraineté des îles Mbanié, Cocotiers et Conga à la Guinée équatoriale. Une décision qu’il qualifie de « catastrophe » et d’« amputation d’un membre » pour le Gabon.
La voix est posée mais le cœur lourd. Interrogé par RFI au lendemain du verdict de la CIJ dans le litige territorial qui opposait depuis des décennies le Gabon à la Guinée équatoriale, Alain-Claude Bilie-By-Nze n’a pas caché sa déception. « C’est une grosse déception. C’est un peu comme si on se retrouvait amputé d’un membre », a-t-il déclaré, en référence à l’île Mbanié et aux deux autres îlots dont la souveraineté vient de basculer officiellement au profit de Malabo.
La Convention de Bata : un point d’achoppement
Au cœur de la controverse juridique, un document que la partie gabonaise considérait depuis toujours comme son principal titre juridique : la Convention de Bata de 1974. Sauf que, selon les juges de la CIJ, cette convention ne constitue pas un traité au sens du droit international. Pire encore, le Gabon n’a pu présenter qu’une photocopie du document, l’original étant introuvable. Une faiblesse notoire dans la stratégie juridique de l’État gabonais que Bilie-By-Nze ne nie pas.
« Certainement que si c’est cela qui a été dit, ça a pu affaiblir la position du Gabon », concède-t-il, tout en réclamant des explications claires de la part des autorités actuelles sur la manière dont le dossier a été instruit et défendu.
« Mbanié n’est pas une île occupée, c’est une île gabonaise »
Face à la question de l’occupation effective de Mbanié depuis plus de 50 ans par les forces gabonaises, Bilie-By-Nze se montre ferme. « Elle n’est pas occupée. Cette île, elle est gabonaise », martèle-t-il. Pour l’ancien chef du gouvernement, parler d’occupation reviendrait à reconnaître la légitimité de la souveraineté équato-guinéenne. Or, pour lui, le Gabon a toujours exercé sur l’île une présence légitime, souveraine, cohérente avec sa lecture historique et juridique.
Une diplomatie encore possible
En bon homme d’État, Alain-Claude Bilie-By-Nze n’exclut pas l’ouverture d’un nouveau chapitre diplomatique entre Libreville et Malabo. « Le sujet d’une discussion est toujours ouvert », affirme-t-il, tout en soulignant que le temps est désormais à la clarification de la position gabonaise : « Nous attendons de savoir ce que les autorités gabonaises ont à nous dire sur ce dossier pour savoir dans quel sens on va aller ».
À l’heure où la CIJ a refermé une page juridique, l’enjeu pour le Gabon est désormais politique, diplomatique, mais aussi identitaire. Et dans ce combat, l’ancien Premier ministre n’entend pas rester silencieux. Pour lui, au-delà du verdict, le devoir de mémoire et d’explication reste une exigence républicaine.
GMT TV