Pentecôte: l’appel des Prêtres de l’Église Catholique Apostolique et Romaine au Gabon
Nous, Prêtres du clergé de l’Église Catholique Apostolique et Romaine au Gabon, avons pris l’initiative de sortir de notre réserve, face à ce qui apparaît comme une énième crise multisectorielle qui secoue le pays. Nous voulons faire entendre notre voix de pasteurs proches de ce peuple que nous côtoyons au quotidien pour, comme les premiers disciples, au nom de l’Esprit qu’ils avaient reçu le jour de la Pentecôte, annoncer une nouvelle espérance. Nous associons à cette démarche tous nos confrères prêtres gabonais d’adoption et amis de notre pays qui exercent leur ministère en terre gabonaise et ailleurs.
Notre prise de parole s’inscrit dans le cadre des différentes actions pastorales et prophétiques que nous menons, en communion avec notre hiérarchie, et qui nous engagent à tous les niveaux de la société gabonaise. La situation que traverse le pays ne nous laisse pas indifférents. Les cris de détresse se multiplient au même titre que les interpellations ; qu’elles viennent de nos Évêques, des différents leaders religieux, de la société civile en générale, ou d’autres institutions et forces vives de la Nation. Le récent challenge des danses dites « obscènes » des élèves de nos établissements avait suscité de nombreuses indignations et avait surtout révélé le côté obscur d’une jeunesse pour laquelle internet semble être devenu l’unique passe-temps. Serions-nous en présence des mêmes symptômes que nous observons dans l’ensemble des crises au Gabon et qui persistent en raison d’un défaut d’analyse ? Ce défaut d’analyse qui épouse les contours d’un court-circuit a, malheureusement, pour conséquence de ne pas régler les problèmes de manière durable.
« A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68).
Ce peuple, qui se tourne vers l’Eglise pour des questions qui touchent à son existence a exprimé, à maintes reprises, son besoin légitime de voir ses pasteurs faire entendre, pour eux, la voix de Celui dont ils sont les serviteurs. Le matin du 23 février 2020, l’archidiocèse de Libreville découvrait avec émoi des tags sur les murs de la Cathédrale et de l’Archevêché. On pouvait y lire ceci : « Dieu vous jugera », « Eglise du silence face aux crimes », « chrétien quel Dieu pries-tu pour accepter le mal du Gabon ? », « Trouvez bébé Rinaldi ». Quoiqu’effacées aujourd’hui, ces interpellations restent vives dans nos mémoires et nous avons le devoir de transmettre aux générations futures ces faits tristes de notre histoire, afin de leur éviter nos errements et tracer la voie à suivre. Bien avant ces tags, la devanture de la Cathédrale Sainte-Marie était devenue le lieu de prédilection de nombreux compatriotes soucieux de faire entendre leurs revendications. On les a tous vus se relayer dans des cabanes de fortune, défiant chaleurs et intempéries, de nuit comme de jour.
A ce jour, Rinaldi n’a pas été retrouvé et la psychose qui s’était répandue autour de présumés enlèvements d’enfants, occasionnant la mort de compatriotes, a disparu sans qu’une réflexion appropriée ne soit menée pour éviter que pareille situation ne se répète à l’avenir. Il nous revient, en effet, d’aider notre peuple à réaliser que le respect des droits humains, tout au long de l’histoire, est l’œuvre d’individus qui attirent l’attention de leurs compatriotes sur l’injustice, au point de les mobiliser jusqu’à ce qu’ils arrivent non seulement à la gommer mais aussi à la réparer.
Le matin du 4 janvier 2019, les Gabonais avaient été surpris par un communiqué passant en boucle sur la chaîne de radio-télévision nationale invitant à une insurrection populaire. Suite à un échange de tirs entre le commando ayant pris en otages les installations de la Maison Georges-Rawiri et les militaires dépêchés sur les lieux, on déplorait à nouveau des morts et des arrestations parmi les rescapés du commando et les marcheurs. On atteignait ainsi les niveaux d’une rare violence qui interroge encore l’opinion sur le déroulement des faits. Une fois de plus, l’appel au dialogue lancé le 07 mai 2016 par Laure Olga Gondjout, Médiateur de la République, afin d’apaiser le climat politique et social, restait malheureusement sans suite.
Dans ce contexte, de nombreuses voix s’élèvent chaque jour pour dénoncer le manque d’engagement des hommes de Dieu, en vue d’améliorer la qualité de vie et du niveau de culture des Gabonais. L’Église catholique en particulier, est accusée d’indifférence, voire de complicité, face à la situation socio-politique qui prévaut ces dernières années dans notre cher pays. Les Gabonais ne comprennent pas le « mutisme de l’Église » devant ces cris de détresse exprimés de diverses manières.
Réagissant dans le cadre du jubilé des 175 ans de l’évangélisation du Gabon, Raymond Ndong Sima s’interrogeait sur le positionnement de l’Église face à la situation politique du pays. Paul Mba Abessole, quant à lui, interpellait l’ensemble des chrétiens sur leurs positions devant la réalité socio-politique, en republiant la lettre de l’Abbé Joseph Mintsa à son évêque Jean Jérôme Adam, en 1965. Bertrand Zibi Abeghe, nouvellement converti au catholicisme, écrivait depuis la prison de Libreville une lettre ouverte à Monseigneur Jean Patrick Iba-Ba, publiée le 13 janvier 2021. De son côté, Luc Bengono Nsi ne cesse d’inviter les Gabonais à se réapproprier leur histoire. Le 17 février dernier, les Gabonais exaspérés par de nouvelles mesures jugées disproportionnées face à la situation de crise liée à la pandémie de la Covid-19, initiaient un mouvement « des casseroles » pour essayer de faire entendre leur voix.
« Au commencement était la Parole (…) et la Parole était Dieu » (Jean 1, 1).
C’est par ces mots que saint Jean introduit son évangile. L’identification de Dieu à la Parole en souligne toute l’importance. Devant les situations décrites plus haut le silence cesse d’être une réponse éloquente et pertinente. Aussi l’Église, consciente de son rôle, n’a-t-elle jamais manqué l’occasion d’intervenir, contrairement à ce que véhicule une certaine opinion.
En effet, les Évêques du Gabon ont, de manière récurrente, adressé plusieurs messages pour alerter sur le climat qui prévaut dans le pays. On se souviendra par exemple que Monseigneur Basile Mvé Engone, alors Archevêque de Libreville, laissant entrevoir l’idée d’une certaine résistance aux appels de l’Église, s’exprimait en ces termes : « L’Église parle et parlera toujours, Elle est écoutée par ceux qui veulent le choix de la vérité » (éditorial du mensuel catholique Le Chemin n° 3 octobre 2009). Un an après, le premier forum des laïcs de l’Archidiocèse de Libreville, tenu du 10 au 11 avril 2010, revenait sur cette crise au sein de la société gabonaise en général et de l’Église en particulier (Le Chemin, n° 8, mai/juin 2010). Réunie à Moanda en janvier 2018, la Conférence Episcopale rappelait aux fidèles que les réjouissances liées au Jubilé des 175 ans de l’évangélisation du Gabon, ne pouvaient et ne devraient pas les rendre insensibles aux nombreuses crises que traversent notre pays (Rapport de la réunion des Evêques du Gabon à Moanda du 15 au 20 janvier 2018). De façon non exhaustive, nous avons répertorié 10 prises de parole des évêques entre le 17 janvier 2015 et le 04 février 2017.
Si, malgré ces nombreux messages, l’opinion reste convaincue du silence de l’Église, c’est signe qu’il y a un problème de fond : son discours n’est pas entendu. Que la société gabonaise soit en crise, cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Que cette crise affecte l’Église, c’est désormais évident. Les prises de paroles répétées des Évêques ne semblent pas convaincre l’opinion publique. Cela interpelle, car cette situation pourrait traduire une perte de la capacité de l’Église à faire entendre son message et, plus généralement, à influencer le cours des événements. Bien plus, elle pose la question de sa légitimité dans la société gabonaise. Aux interpellations déjà évoquées, s’ajoutent les comportements passionnés de ceux qui voudraient en faire une institution politique. Ces derniers attendent d’elle un engagement plus déterminé face aux crises qui fragilisent la société gabonaise. La crise que traverse l’Église au Gabon peut s’entendre comme un test auquel elle devrait apporter des réponses pertinentes, témoignant ainsi de son identité.
L’Abbé Noël-Aimé Ngwa Nguéma, de vénérable mémoire, s’était engagé dans un combat socio-politique, non par souci d’accéder au pouvoir, mais simplement porté par le désir de voir se réaliser cette « société plus juste et plus fraternelle à laquelle aspirent tous les Gabonais ». Estimant que l’Église incarne l’autorité morale et spirituelle, il pensait qu’elle devait sortir de cette « réserve de plus en plus interprétée par la majorité des Gabonais comme une complicité » (N. A. Ngwa Nguéma, Choisir de dire la vérité, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 23).
En son temps, l’Abbé Joseph Mintsa-mi-Mbeng avait déjà une attitude similaire. En effet, en 1965, cinq ans après l’indépendance du Gabon, il adressait une lettre à Monseigneur Jean-Jérôme Adam, lui exprimant son désarroi face au positionnement de l’Église. Cette référence historique donne un relief particulier à la démarche de l’Abbé Noël Ngwa et permet de souligner que les griefs formulés contre l’Église ne datent pas d’aujourd’hui. Les conditions d’exercice de la justice dans notre pays et l’environnement carcéral, tels que dépeints récemment par Bertrand Zibi dans sa lettre à l’Archevêque de Libreville, nous ramènent aux réalités que dénonçait déjà l’Abbé Mintsa. Les critiques qui nous sont adressées, lorsqu’elles sont objectivement fondées, ne font pas de leurs auteurs des ennemis. C’est pourquoi nous faisons le choix de les accueillir et de tenter de saisir le message dont elles sont porteuses, pour l’Église et pour le pays tout entier.
Que comprendre de ces interpellations ?
La première chose qui semble évidente, au regard de ce qui précède, c’est qu’il existe une certaine fracture entre l’Église et le peuple gabonais. Cette fracture ne peut cependant être interprétée comme une ignorance, par les évêques et les prêtres, de la situation décriée par plusieurs personnes et de plusieurs manières. Certains nous auront même reproché de n’avoir pas une ligne doctrinale claire, explicite et lisible. Autrement dit, nos interventions n’engloberaient pas le phénomène social dans son ensemble, mais se contenterait d’en toucher quelques aspects. La conséquence est que nos prises de position seraient intermittentes. L’Église, en tant qu’institution, pècherait par la qualité de sa communication. Etant Mère et Enseignante, Elle a bien un rôle éducatif à assumer au sein de la société. Or éduquer c’est proposer un discours clair, permanent ; et ensuite accompagner. L’Église devrait donc s’efforcer d’accompagner le peuple gabonais jusque dans des questions précises comme celle du vote et de la promotion de l’humanisme chrétien en politique.
Cette interpellation, cependant, nous donne l’occasion de constater que certains de nos fidèles n’accordent de la valeur qu’aux paroles prononcées en dehors de l’ambon. Il serait en effet injuste d’oublier toutes les nombreuses et incessantes interventions du clergé à travers les canaux traditionnels que sont la prédication et autres espaces appropriés. Aussi, certains prêtres, de façon individuelle ou collective, ont-ils pris position. Citons entre autres l’Abbé Dimitri Ayatebe Ename, l’Abbé Henri-Noël Ndoume Abiaghe ou encore le Père Paul-Marie Mba, prêtre gabonais de la Communauté des Béatitudes, qui s’illustre assez régulièrement par des publications d’une forte teneur prophétique, sur sa page Facebook. Un collectif de 12 prêtres de différents diocèses, conduit par l’Abbé Jean-Bernard Asseko Mvé, adressait une correspondance au Président de la République, le 30 juin 2019, sur l’inopportunité de la dépénalisation de l’homosexualité. Le dernier en date, l’Abbé Séraphin Obame-Ndong, via son compte Facebook, écrivait une lettre ouverte au Ministre gabonais de la Santé au sujet de la gestion de la crise de la Covid et de ses incidences néfastes sur les populations.
C’est le lieu de rappeler, à la suite du théologien Henri de Lubac, que « l’autorité de l’Église est d’abord spirituelle ». Son action dans le temporel ne peut épouser les contours d’une substitution à l’Etat. Cela dit, le spirituel « n’est pas une sorte de monde à part, de sphère privée qui ne déborderait jamais sur le temporel ». L’Église doit agir dans le temporel, mais elle le fait d’abord à travers ses membres laïcs qui sont, dans la société, « le ferment de l’Évangile ». C’est à eux qu’incombe la responsabilité d’incarner le message du Christ dans leurs choix politiques et leur engagement social (Cf. E. De Moulins Beaufort, « Église, personne et société », dans Henri de Lubac et le mystère de l’Église, Actes du colloque du 12 octobre 1996 à l’Institut de France, Paris, Cerf, 1999, p.149).
Il est vrai, par ailleurs, que nous avons hérité, par le fait de la colonisation, de structures administratives et idéologiques de l’ancienne puissance. La séparation de l’Église et de l’État régissant les relations entre le temporel et le spirituel apparaitraît comme un dogme. A ce propos, l’Abbé Noel Ngwa rappelait fort pertinement qu’en « Afrique noire traditionnelle, le temporel et le spirituel sont intimement liés » (Choisir de dire la vérité, p. 21). A sa suite, nous réitérons que les efforts que déploient l’Église et l’État pour assurer le bonheur des citoyens, qui sont aussi des croyants, doivent être complémentaires. Il serait donc chimérique d’envisager un ordre temporel en opposition à un ordre spirituel.
Que proposons-nous ?
Le recentrage sur l’Évangile
Ce choix présente un triple intérêt. Le premier est celui de ramener l’Église à la mission première qu’elle a reçue du Christ, celle d’aller vers toutes les nations pour faire des disciples par l’annonce de l’Évangile (Cf. Matthieu 28, 19). Le second est de souligner que la crise sociale relevée plus haut est le signe, qu’à certains égards, nous nous sommes peut-être éloignés de cette mission. Le troisième est de rappeler à l’Église qu’elle est présente au Gabon, pas pour elle-même, mais pour le peuple vers lequel le Seigneur l’a envoyée. Par conséquent, elle doit rester attentive à ce peuple et articuler son annonce de l’Évangile suivant les réalités concrètes qui caractérisent la société gabonaise. Ce décalage entre l’annonce, telle que proposée, et les attentes du milieu qui reçoit le message évangélique peut en grande partie expliquer que l’Église ne soit pas écoutée.
Nous ne saurons être éloignés des réalités que vivent nos frères et sœurs, puisque nous les vivons au même titre qu’eux. Cependant, nous nous efforçons de lire, à travers les multiples interpellations qui nous sont faites, ces signes des temps qui indiquent clairement que notre manière de nous imprégner du quotidien des gabonais et d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, devrait être repensée de manière systématique et radicale. Se recentrer sur l’Évangile apparaît comme une priorité par rapport au réflexe qui consisterait à se justifier ou à faire une certaine apologie de l’Église. C’est à ce prix que nous pouvons, et devons, retrouver notre crédibilité dans le monde en général, et au Gabon en particulier. Notre Église doit prendre conscience qu’écouter est plus qu’entendre : la société gabonaise nous renvoie aujourd’hui qu’elle se sent abandonnée par nous dans sa lutte pour un mieux-être.
A l’école des fondateurs
Réfléchir sur les griefs qui sont fait à l’Église nous a emmené à voir comment mieux envisager notre présence dans la société. S’inspirant des hommes et des femmes qui ont marqué d’une pierre blanche la vie de l’Église et de l’État, le prêtre devrait être capable d’identifier, lui aussi, les défis qui s’imposent au monde dans lequel il vit, réaliser les difficultés qui empêchent de relever ces défis et, enfin, participer au débat gabonais en proposant des solutions adéquates aux problèmes qui minent la société.
Loin de reléguer au second plan les devoirs du prêtre liés à l’enseignement et à la vie sacramentelle, il s’agirait de l’emmener à prendre au sérieux cette exigence d’aider le peuple de Dieu à se doter d’outils nécessaires au dépassement des problématiques auxquelles il fait face. Dans ce sens, certains grands fondateurs, qu’ils soient de notre peuple, d’Afrique ou d’ailleurs, nous fourniraient des exemples de pasteurs ayant su répondre de manière efficiente aux problèmes de leurs temps. En somme, il est question d’initier la marche vers l’offre d’une identité sacerdotale nouvelle, au service du Gabon et des Gabonais.
Choisir de dire et vivre la vérité
« Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8, 31). Telle est l’exhortation que le Christ adresse à ses disciples. A sa suite, nous voulons nous la réapproprier et la proposer à l’ensemble de notre société.
Choisir de dire la vérité deviendrait un temps, un lieu, et un moyen d’autocritique, en vue de se positionner par rapport à celle-ci. Choisir de dire la vérité deviendrait un style de vie résolument orienté vers la lutte contre l’injustice, l’intolérance et la haine. C’est un exercice qui s’impose si nous voulons vraiment sortir de la léthargie et construire un Gabon meilleur. Choisir de dire la vérité, par ailleurs, exige de notre part un retour aux valeurs fondamentales qui régissent le vivre ensemble. En ce sens, il nous faut inéluctablement réapprendre de nos devanciers. S’impose alors à nous le devoir de recourir à nos traditions locales pour rejeter tout ce qui dégrade la société.
Choisir de dire et vivre la vérité ne fera certainement pas de nous des hommes et des femmes parfaits, toutefois, nous devrions, avec beaucoup d’humilité, laisser la vérité éclairer nos insuffisances afin de vivre véritablement libres, agissant pour Dieu à travers des gestes d’amour pour nos semblables.
A nos Evêques, à ceux qui nous gouvernent et au peuple Gabonais
A nos Evêques, Nous voulons, avant tout, exprimer notre filiale et inconditionnelle solidarité dans leurs différentes prises de parole face aux multiples situations que vit le pays. Nous leur affirmons notre pleine conscience des devoirs qui nous engagent envers l’Église et le peuple de Dieu, pour un plus grand rayonnement de l’Évangile. Nous les inviterions, cependant, à promouvoir davantage la cohésion du clergé et une plus grande communion dans l’action pastorale. Nous leur savons gré d’avoir remis au centre de leurs préoccupations l’éducation qui reste l’un des moyens les plus efficaces dont nous disposons pour préparer une jeunesse enracinée dans les valeurs humaines nécessaires au développement intégral de notre pays (Cf. Message des Évêques du Gabon, à l’occasion de la clôture de la 28ème assemblée plénière sur l’Enseignement Catholique). Nous les encourageons à accélérer les réformes en vue, non seulement, de rendre plus performante l’École Catholique mais aussi de donner plus de force aux différents organes qui animent la vie de l’Eglise afin d’accompagner de manière plus décisive notre marche vers un Gabon meilleur.
A ceux qui gouvernent notre pays, Nous voulons lancer cet appel : soyez de bons arbitres et non des juges de touches méticuleux. Nos institutions, particulièrement ces dernières années, se sont illustrées par un déficit de dialogue, entrainant ainsi le pays vers des choix unilatéraux et critiquables, à bien des égards. Sans vouloir raviver polémiques et passions, nous ne pouvons passer sous silence les appels répétés de la société civile, des acteurs de la vie politique et syndicale, de nombreux Gabonaises et Gabonais, sur des questions sensibles comme la gestion des élections présidentielles, la vacance du pouvoir, la dépénalisation de l’homosexualité, la restriction des libertés individuelles et collectives, qui sont des indicateurs permettant de mesurer combien nous nous sommes éloignés de cette culture du dialogue qui a toujours fait du Gabon un havre de paix. Nous vous exhortons donc à revitaliser ces organes hérités de nos traditions, aussi bien que ceux prévus au niveau de l’État, qui favorisent la discussion et la confrontation en vue d’une prise de décision plus concertée.
A nos compatriotes, Nous réaffirmons notre proximité. Etant, pour la plupart d’entre nous, issus de familles modestes, nous partageons les mêmes aspirations à une répartition plus équitable des richesses de notre pays. Nous entendons d’autant mieux vos cris de détresse que nous vous fréquentons au quotidien, à travers les différentes activités pastorales, aussi bien dans les zones rurales que dans les centres urbains. Nous nous engageons, en communion avec nos Évêques, suivant les formes et les processus qu’ils voudront bien mettre en place, à une plus grande présence dans la vie sociale. Nous ne vous laisserons jamais tomber !
Notre soutien s’exprime particulièrement envers les personnes les plus fragilisées : les veuves, les orphelins, les personnes âgées, les jeunes, auxquels nous devons une plus grande assistance. Les derniers su-cités retiennent particulièrement notre attention, tant leur détresse est de plus en plus préoccupante. En effet, avec un taux de chômage à plus de 30 %, une administration publique qui peine à recruter et un secteur privé fragilisé par la crise, leur avenir n’inspire pas confiance. Ils semblent être devenus les premières victimes d’un héritage riche d’incertitudes et d’interrogations.
A la suite de la présente réflexion, nous réaffirmons notre volonté d’œuvrer à vos côtés afin de trouver des réponses pastorales concrètes et durables aux problèmes qui minent notre vivre ensemble. En ce temps de Pentecôte, nous implorons sur le Gabon et tous ses habitants, une abondance des dons de l’Esprit, pour que chacun soit éclairé sur les choix à faire et trouve la force nécessaire de les traduire en actes, au service du bien commun, pour la plus grande gloire de Dieu et la prospérité de notre cher et beau pays !
Pour le Comité de rédaction, les Abbés :
- Christian Wassala ILOUBI NDZEDI
- André-Marie MBOUMBA
- Bachir Bello KOUMBA MOHAMMED
- Vanick MAGANGA
- Noé NZENGUE-MBADINGA
- Fidney G. MINKO
- Fabrice KINGA
- Wenceslas LENGOMA
- Brice Bonsoir N’KOLO
- Rodrigue NZIENGUI NZIENGUI
- Stéphane ADOUA EMANE
- Aimé Simplice NZANGA
- Alain Freddy MOUANDA MOUNGONGA
- Jean Maximin PACKA