Pêche : l’UE en opération séduction après la dénonciation de l’accord par le Gabon

Plusieurs semaines après la dénonciation unilatérale de l’Accord de partenariat dans le secteur de la pêche durable (APPD) par Libreville, l’Union européenne tente de raviver les discussions. En visite au cabinet du ministre des Affaires étrangères ce 23 juillet 2025, l’ambassadrice Cécile Abadie a plaidé pour un retour à la table des négociations, alors que le Gabon assume sa volonté de souveraineté sur ses ressources halieutiques.
La page n’est peut-être pas totalement tournée entre le Gabon et l’Union européenne sur le dossier de la pêche. Bien que Brice Clotaire Oligui Nguema ait décidé, le 4 juin dernier, de mettre fin de manière unilatérale à l’APPD signé en 2007 et renouvelé en 2021, Bruxelles ne désarme pas. Ce mercredi, la diplomate européenne Cécile Abadie a été reçue par Michel Régis Onanga M. Ndiaye pour « traverser ensemble la turbulence », selon ses propres mots.
Un accord jugé déséquilibré par Libreville
La dénonciation de l’APPD n’est pas anodine. Elle traduit une volonté claire du Gabon de reprendre le contrôle de son économie maritime. Pour le gouvernement, l’exploitation de la ressource thonière par les flottes européennes – notamment espagnoles – n’a que trop peu profité au développement de la filière locale. Pourtant renouvelé en 2021 pour six ans, l’accord est aujourd’hui jugé « déséquilibré » par Libreville.
« Cette décision s’inscrit dans une dynamique de souveraineté économique et de valorisation des ressources nationales », confiait récemment un haut cadre du ministère de la Pêche. Une position que semble comprendre la partie européenne, qui s’emploie désormais à sauver les meubles, sans heurter les aspirations nouvelles du pays.
Vers un nouvel équilibre dans la coopération ?
À l’issue de son audience, l’ambassadrice de l’UE s’est voulue conciliante. « Nous avons parlé de ce dossier qui est, je dirais, une turbulence dans notre partenariat. Il est important de la traverser ensemble le mieux possible », a-t-elle affirmé, tout en annonçant l’envoi imminent d’une réponse écrite au gouvernement gabonais.
Le dialogue pourrait donc reprendre, mais sous conditions. « Nous souhaitons, les deux parties, que le dialogue se réengage pour estimer comment cette coopération, qui est quand même très ancienne, puisse mieux répondre aux priorités actuelles du Gabon », a souligné la diplomate.
Reste désormais à savoir si Libreville acceptera de renégocier ou si la page est définitivement tournée. Une chose est certaine : l’ère du partenariat inégal touche à sa fin, et le Gabon entend bien désormais fixer ses propres règles.
GMT TV