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Nord-Kivu : plus de 50 attaques contre la presse en un an, près de 90 journalistes contraints à l’exil

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Alors que le conflit au Nord-Kivu s’intensifie, la liberté de la presse se trouve gravement menacée. Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 50 attaques visant des journalistes et des rédactions ont été recensées en un an, avec des pillages, des menaces et des destructions de locaux de presse. Pire encore, près de 90 journalistes ont été contraints de fuir leur domicile sous la menace du groupe rebelle M23, qui cherche à imposer son contrôle médiatique dans les zones conquises.

Entre janvier 2024 et janvier 2025, le Nord-Kivu est devenu un terrain particulièrement dangereux pour les journalistes, victimes collatérales d’un conflit qui les dépasse. « En l’espace d’un an, la pratique du journalisme, déjà précaire, s’est considérablement détériorée dans la province du Nord-Kivu. Les journalistes sont pris en étau dans le conflit actuel, mais aussi par les nombreuses milices qui opèrent dans la province », alerte RSF.

« Le groupe rebelle cherche régulièrement à prendre le contrôle d’une radio pour annoncer son arrivée dans une ville », explique un journaliste local sous couvert d’anonymat. Résultat : au moins 26 radios communautaires ont été pillées ou contraintes de fermer depuis janvier 2024. Face aux menaces et aux violences, des dizaines de journalistes ont dû quitter leur ville, abandonnant parfois leur famille et leur métier.

Une presse muselée et en exil

Selon l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC), près de 90 journalistes ont été contraints à l’exil en raison des menaces directes du M23. « On m’a dit qu’on allait s’occuper de moi lorsque le M23 occuperait Goma », témoigne un journaliste ayant fui la ville. Ces avertissements, souvent envoyés par messages ou appels anonymes, laissent peu de place à l’hésitation.

Cette situation alarmante prive la population d’un accès fiable à l’information, rendant le climat de guerre encore plus opaque. Les médias, pris en étau entre le pouvoir en place et les groupes armés, deviennent une cible privilégiée dans une guerre où la communication est une arme stratégique.

Un appel urgent à la protection des journalistes

Face à cette crise sans précédent, RSF appelle les autorités congolaises, mais aussi le M23, à respecter la liberté de la presse et à garantir la sécurité des journalistes. « Nous nous adressons aussi au ministère de la Communication et au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) pour qu’ils se positionnent concrètement en garants d’une presse libre et fiable », insiste l’ONG.

Alors que les combats font rage, le sort des journalistes déplacés et des médias sous pression reste incertain. Sans mesures concrètes pour garantir leur protection, le Nord-Kivu pourrait sombrer dans un black-out médiatique total, au détriment du droit fondamental à l’information.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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