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Me Moumbembe : « chercher à négocier maintenant c’est du n’importe quoi distribué au peuple »

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Alors que le gouvernement gabonais tente de promouvoir un discours optimiste sur une possible issue extrajudiciaire au différend territorial avec la Guinée équatoriale concernant les îles Mbanié, Cocotier et Conga, Maître Jean-Paul Moumbembe, doyen du Barreau du Gabon, appelle à plus de lucidité. Dans une interview accordée le 24 mai 2025 à notre confrère L’Union, l’avocat expérimenté a qualifié de « n’importe quoi distribué au peuple » toute tentative de négociation à ce stade, alors que la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu une décision définitive.

Selon Maître Jean Paul Moumbembe, la décision de la CIJ, qui tranche la question de la propriété des îles, revêt une portée juridique, politique, idéologique et historique. « Le débat porté devant cette juridiction internationale était lié uniquement à la propriété de ces îles. D’autres commentaires sur telle ou telle autre terre sont hors sujet », a-t-il martelé. Non sans regretter que le Gabon n’ait pas suivi les recommandations du défunt président Omar Bongo Ondimba. L’ancien président qui prônait une exploitation conjointe des îles en raison de leurs potentiels gisements pétroliers. 

Me Moumbembe pour une lecture sobre de la décision de la CIJ

« Si on avait écouté Omar Bongo, nous n’en serions pas là à essuyer nos larmes d’intellectuels », a-t-il déploré. Fort de son expérience au sein du groupe de travail sur ce dossier pendant plus de cinq ans, Maître Moumbembe affirme que la décision de la CIJ était prévisible. Il révèle avoir été le porte-parole de l’ancien président, qui connaissait le véritable propriétaire historique des îles. Après la mort d’Omar Bongo en 2009, l’avocat dit avoir été écarté du groupe, marquant un tournant dans la gestion du dossier.

Concernant les recours possibles, Maître Moumbembe est catégorique : « Les juges ayant tranché la question de droit posée, le dispositif récolté est définitif. Plus question de s’embrouiller avec des conclusions hâtives de dernière seconde », a-t-il indiqué. Tout en appelant à une lecture attentive du dispositif de la Cour pour éclairer l’opinion publique. L’avocat dénonce le mélange entre droit public et droit privé dans ce dossier complexe. Une alchimie inadaptée au contexte si on en croit son expertise et son expérience sur la question.

Par ailleurs, le doyen du Barreau du Gabon a affirmé que le président Brice Clotaire Oligui Nguema, « n’a rien vendu de la terre gabonaise ». Pour Maître Jean-Paul Moumbembe, le Gabon paie aujourd’hui le prix de son manque de stratégie face à un passé colonial mal documenté. Pour lui, « chercher à négocier maintenant, c’est du n’importe quoi distribué au peuple qui mérite la vérité juridique ». Aussi, s’interroge-t-il, « Comment mon pays pouvait-il le contourner en l’absence de documents administratifs fiables ? Il fallait être à la fois intelligent et malin. Nos intellectuels se fient trop à leur intelligence », a-t-il conclu.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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