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Me Marc Bensimhon : « Hervé Patrick Opiangah n’avait pas d’autre choix que de s’exiler pour rester en vie »

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Alors que l’élection présidentielle du 12 avril 2025 est désormais derrière nous, l’affaire Opiangah continue de hanter les couloirs de la justice gabonaise et de faire vaciller les promesses de restauration de l’État de droit. Dans un entretien exclusif accordé à Gabon Media Time et Dépêche241, Me Marc Bensimhon, avocat français d’Hervé Patrick Opiangah, a livré une analyse glaçante : selon lui, l’ancien ministre des Mines n’avait d’autre issue que l’exil pour échapper à une menace « physique et politique » pesant sur sa vie.

Une affaire politique déguisée en procédure pénale. Accusé d’inceste sur l’une de ses filles – accusation formellement démentie par la principale concernée –, Hervé Patrick Opiangah est depuis novembre 2024 la cible d’une procédure judiciaire que ses conseils qualifient de « cabale politique ». « Il n’existe ni plainte, ni preuve matérielle, ni témoignage incriminant. Pourtant, une procédure pénale a été déclenchée, de manière totalement illégale », a insisté Me Marc Bensimhon. L’avocat, membre du cabinet Bensimhon & Associés, rappelle que cette affaire a surgi quelques jours après l’appel public d’Hervé Patrick Opiangah à voter contre le référendum constitutionnel du 16 novembre, porté par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Ce choix politique, selon l’avacat, a déclenché une répression brutale : « Des agents encagoulés ont fait irruption dans son domicile sans mandat dans la nuit du 20 au 21 novembre. C’est une tentative d’intimidation extrême. » Face à ce qu’il qualifie de menace imminente sur sa liberté et sa sécurité physique, l’homme politique s’est résolu à quitter le pays.

Une justice aux abonnés absents, une réponse espérée à l’international

« La justice gabonaise est aujourd’hui mise au défi de sa propre crédibilité », a affirmé Me Marc Bensimhon, pointant le silence du parquet malgré les démentis de la prétendue victime et l’absence de fondement juridique. Face à ce blocage institutionnel, les avocats de l’ancien ministre ont saisi la Commission africaine des droits de l’Homme, qui pourrait bientôt condamner le Gabon pour violations graves.

« Ce n’est pas une décision radicale. C’est le seul recours qui restait à un homme que l’on voulait bâillonner, ruiner et peut-être éliminer physiquement », a martelé l’avocat. À ses yeux, cette affaire est devenue le symbole d’un dérèglement judiciaire profond, où l’appareil d’État serait utilisé pour neutraliser un adversaire politique. « Il fallait qu’il parte pour rester en vie. C’est un exil forcé, pas un choix stratégique », a-t-il insisté.

Dans un contexte de transition censé rebâtir la confiance citoyenne, cette affaire cristallise les inquiétudes. Car au-delà du sort d’un homme, c’est la capacité de la justice gabonaise à garantir la liberté, l’équité et l’indépendance qui se retrouve sur le banc des accusés.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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