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Me Julien Bensimhon : «Ce n’est pas parce M. Opiangah est accusé qu’on doit mettre au chômage 6 500 Gabonais»

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Au cœur de l’affaire Opiangah, qui secoue les institutions gabonaises depuis novembre 2024, un pan encore peu exploré interpelle : celui de l’impact social et économique de la procédure judiciaire engagée contre l’ancien ministre des Mines. Derrière les accusations d’inceste – démenties par la principale intéressée – se cache un enjeu bien plus large, celui du sort de milliers de familles gabonaises dépendant des activités de l’homme d’affaires aujourd’hui en exil. Une situation que dénonce avec vigueur Me Julien Bensimhon, avocat au barreau de Paris et conseil d’Hervé Patrick Opiangah.

Une procédure judiciaire aux conséquences économiques lourdes. « Actuellement, 6 500 Gabonais ne peuvent plus toucher leur salaire à cause d’une cabale judiciaire sans fondement. Cela n’a aucun sens », a déclaré Me Julien Bensimhon lors d’un entretien exclusif accordé à Gabon Media Time et Dépêche241. Pour l’avocat français, la fermeture des entreprises du groupe HPO & Associés, décidée en dehors de tout cadre légal, constitue une atteinte grave aux droits économiques et sociaux des salariés, victimes collatérales d’un bras de fer politique.

Cette situation fait suite à l’intervention, dans la nuit du 20 au 21 novembre 2024, d’agents encagoulés et lourdement armés au domicile de l’ancien ministre, suivie de la mise sous scellés de ses bureaux, du gel de ses comptes bancaires et de la saisie de ses actifs. « Nous avons fourni à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples toutes les preuves de cette instrumentalisation : constats d’huissiers, témoignages, documents juridiques », a précisé Me Marc Bensimhon.

Un appel à la responsabilité des autorités gabonaises

Pour les avocats français, la justice gabonaise doit réagir rapidement. « Il est urgent que la chambre d’accusation se prononce. Soit elle rend un non-lieu, soit elle accepte de s’inscrire dans une logique de soumission politique », alerte Me Julien Bensimhon, pour qui l’enjeu dépasse le sort d’un homme. « Ce n’est pas parce qu’un citoyen, aussi engagé soit-il, est accusé à tort qu’on doit ruiner son œuvre économique et affamer des milliers de familles. »

Les conseils d’Hervé Patrick Opiangah ont sollicité des mesures provisoires auprès de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples pour permettre la réouverture des entreprises et garantir le droit au travail des employés. « Le droit à la présomption d’innocence vaut aussi pour l’activité économique. Les salariés ne sont pas responsables de cette affaire, et ils n’ont pas à en payer le prix », conclut Me Julien Bensimhon.

Une position qui, à l’approche des échéances électorales, pose une question de fond : la justice gabonaise peut-elle encore garantir ses missions essentielles sans s’affranchir de l’influence du politique ?

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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