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Marlène Essola : « la sortie du Procureur général est une souillure pour la justice »

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La récente libération de Sylvia Bongo, épouse de l’ancien président Ali Bongo, et de leur fils Noureddine, suscite une vive controverse au Gabon. Selon Marlène Fabienne Essola Efountame, cette affaire met en lumière de graves irrégularités judiciaires et une atteinte à l’État de droit. La juriste gabonaise dénonce les vices de procédure et une roublardise des garants de la 5e République.

Contactée par Gabon Media Time (GMT) Marlène Fabienne Essola Efountame a pointé du doigt plusieurs manquements dans la procédure ayant conduit à la liberté provisoire accordée à l’ancienne famille Présidentielle. Selon cette dernière, l’enquête aurait été entachée par des violations du secret professionnel et de l’instruction, notamment par la publication d’éléments prétendument issus de confrontations judiciaires.

L’État de droit, un rêve encore lointain pour le Gabon ?

Scrutant l’actualité politique, Marlène Fabienne Essola Efountame a critiqué les déclarations publiques du président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, qui avait affirmé que la justice détenait des preuves contre Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin, notamment sur la contrefaçon de sa signature. Ces propos, selon la juriste, violent le principe de séparation des pouvoirs et compromettent l’impartialité de la justice, laissant présager un procès biaisé.

La notion de « liberté provisoire » accordée aux accusés est également qualifiée d’« aberration juridique ». En l’absence de jugement, cette mesure contredit le principe de présomption d’innocence. « La détention préventive est l’exception et la liberté est un droit. On ne peut donc pas parler de libération ou de liberté provisoire pour des personnes qui n’ont pas encore été jugées, qui ne sont pas passées devant le juge et qui n’ont pas été jugées des faits qui leur sont reprochés, des faits retenus », a-t-elle martelé.

Non sans souligner l’inopportunité de cette expression pour des professionnels du droit. « Quand aujourd’hui le procureur général se permet, de venir déclarer que madame Sylvia Bongo et son fils sont en liberté provisoire, c’est une souillure pour la justice gabonaise », conclut-elle à ce propos. Aussi, cette dernière relève une atteinte flagrante à la souveraineté du Gabon dans l’effectivité d’un exil en catimini d’une famille poursuivie pour des crimes.

La justice gabonaise dépendante de l’exécutif !

Pour Maître Marlène Fabienne Essola Efountame, cette affaire reflète une justice manipulée et un manque de transparence. « Voyez-vous, le Procureur général Eddy Minang se contredit dans sa propre expression, en essayant de venir se sauver en disant « la liberté est le principe ». Si la liberté est le principe, il ne peut donc y avoir de liberté provisoire avant le jugement […] Si ce n’est pas le cas, on parle de liberté tout simplement », a-t-elle indiqué.

Pour terminer, la juriste gabonaise appelle à une commission vérité, justice et réconciliation « pour rétablir la confiance et permettre une manifestation claire de la vérité ». Le peuple gabonais, dit-elle, mérite des explications de la présidence sur ce qu’elle qualifie de « défaut de souveraineté ». En attendant, cette libération controversée continue de diviser et d’alimenter le débat sur l’indépendance judiciaire au Gabon.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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