Lomé 2025 : le continent brise les standards de la RSE importée

En se réunissant à Lomé les 1er et 2 octobre 2025, les acteurs économiques, institutionnels et financiers du continent ont envoyé un message clair : l’Afrique n’entend plus importer les modèles de développement durable conçus ailleurs. À l’occasion du 9ᵉ African Business & Social Responsibility Forum, organisé par le cabinet Latitude Monde, la RSE s’est imposée comme un outil stratégique d’émancipation économique et d’affirmation politique.
Porté par le thème « Agenda 2030 et RSE : le temps de la convergence », le forum de Lomé a marqué un tournant majeur. Fini le temps des approches standardisées dictées par les grands bailleurs ou les labels occidentaux : place désormais à une RSE enracinée dans les réalités africaines, attentive aux besoins des communautés locales et aux défis spécifiques du continent.
Vers une RSE « made in Africa »
« L’Afrique ne peut plus se contenter d’adopter des modèles importés. Le développement durable, ici, doit partir de nos propres forces, de nos entreprises, de nos territoires », a martelé Stéphane Moudouté-Bell, directeur de Latitude Monde et commissaire général du forum. À travers panels, ateliers et rencontres de terrain, les participants ont plaidé pour une refondation du lien entre entreprise, citoyenneté et souveraineté économique, en misant sur l’innovation et la valorisation des savoir-faire locaux.
En s’associant à Latitude Monde, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a confirmé son rôle de catalyseur de la transformation structurelle du continent. Pour son vice-président Luis Soares Cassama, la RSE est désormais un levier d’intégration régionale et de justice économique. « Il nous reste cinq ans pour prouver que le développement africain ne peut plus être dissocié de la justice sociale, du respect de l’environnement et d’une prospérité partagée. Le compte à rebours est lancé », a-t-il déclaré avec force.
Ce message a trouvé un écho particulier auprès des représentants des PME et des entrepreneurs africains, désormais reconnus comme les véritables moteurs de la transition durable.
Une RSE au service de la souveraineté économique
Lomé 2025 a acté un principe simple mais essentiel : le développement durable ne doit pas être un luxe, mais une stratégie de puissance. L’Afrique, riche de ses ressources, de sa jeunesse et de son génie entrepreneurial, entend s’approprier la RSE non comme un outil de conformité, mais comme un instrument d’autonomie économique et de gouvernance responsable.
La démarche est claire : relocaliser la valeur ajoutée, renforcer les chaînes de production africaines et consolider les écosystèmes régionaux dans un esprit d’équité et de transparence. Cette nouvelle vision, portée par les dirigeants d’entreprises, les institutions financières et les décideurs publics, consacre la RSE comme pilier de la souveraineté africaine.
Cap sur 2026 : de la parole à la souveraineté
En clôturant cette édition, les participants ont formulé une ambition commune : faire du prochain forum, en 2026, une étape de bilan. Chaque entreprise, organisation et acteur public est invité à cartographier ses initiatives RSE, non pour créer de nouveaux projets, mais pour évaluer leurs résultats et renforcer la convergence continentale.
Le Forum de Lomé 2025 aura ainsi scellé un tournant : celui d’une Afrique qui assume sa maturité économique et intellectuelle. Loin d’être une mode importée, la RSE devient une arme pacifique de souveraineté, un outil de fierté et de transformation collective. L’Afrique n’imite plus. Elle invente.
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