Locales 2025 : et si le Grand Libreville s’inspirait du modèle montpelliérain ?

À Montpellier, la réussite de la métropole repose sur une idée simple : mutualiser les moyens et harmoniser les politiques locales pour mieux servir les citoyens. Un modèle que le Grand Libreville, encore fragmenté entre ses communes périphériques, Akanda, Ntoum et Owendo, pourrait utilement méditer à la veille des élections des exécutifs des conseils municipaux de 2025.
À Montpellier, la métropole n’est pas un simple mot administratif. C’est une vision politique et une méthode de gestion. « Une métropole, c’est la mise en commun des compétences pour plus d’efficacité », résume Clare Hart, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, déléguée au rayonnement international et à la coopération européenne.
Montpellier, une métropole au service de la cohérence territoriale
La formule est limpide : 31 communes, un conseil métropolitain, une fiscalité partagée et des services harmonisés. Le transport, la culture, le logement social, le sport, l’aménagement du territoire — tout est planifié collectivement. « Avant, chaque maire voulait inaugurer sa piscine, son théâtre, son cinéma. Aujourd’hui, nous pensons en réseau. Nous répartissons les équipements sur tout le territoire pour éviter le gaspillage et garantir l’accès équitable à tous les habitants », a-t-elle précisé.
Résultat : un territoire cohérent, attractif et efficace. Les transports gratuits et intégrés, l’équilibre entre développement économique et cadre de vie, ou encore la mutualisation des impôts locaux ont permis de construire une métropole où chaque commune participe à l’effort collectif sans perdre son identité.
Le Grand Libreville : une métropole sans gouvernance
Le contraste avec le Grand Libreville est saisissant. Officiellement, la capitale gabonaise englobe Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum. Mais dans les faits, il n’existe aucune instance de coordination entre ces communes. Chacune gère seule ses compétences, sans planification globale ni stratégie commune.
Résultat : urbanisation anarchique, doublons budgétaires, inégalités territoriales, absence de réseau de transport intégré, et incapacité à planifier les infrastructures à l’échelle de l’agglomération. Là où Montpellier a fait de la mutualisation un levier d’efficacité, Libreville reste prisonnière d’un modèle ultra-centralisé, où les décisions majeures — aménagement, voirie, environnement — se prennent encore au niveau ministériel, loin du terrain.
Pourtant, la démographie du Grand Libreville, estimée à plus d’un million d’habitants, impose une refondation urgente de la gouvernance locale. « Il faut décentraliser pour être plus efficace », plaide Clare Hart tout en insistant sur le fait que « Travailler ensemble avec tous les élus du territoire permet de créer un espace harmonieux, sans gaspillage, et d’améliorer le vivre-ensemble ».
Vers une vraie métropole gabonaise ?
La réflexion s’impose à la veille des élections des maires et leurs adjoints cette année 2025. Faut-il créer une métropole du Grand Libreville dotée d’un conseil unique, d’un budget autonome et d’une planification partagée ? Une telle structure permettrait enfin d’harmoniser les politiques publiques : un seul plan d’urbanisme, un réseau de transport unifié, une politique culturelle cohérente, et surtout, une gouvernance locale capable d’agir vite et mieux.
Car la décentralisation, loin d’être une menace pour l’unité nationale, est une condition de modernisation et d’efficacité. « La décentralisation rend la vie plus douce », conclut Clare Hart sans manquer de préciser qu’« Elle permet la cohérence territoriale, l’efficacité économique et l’équité entre citoyens ».
Un enjeu démocratique et stratégique pour Libreville
Le futur du Grand Libreville dépend désormais d’une volonté politique : celle de partager le pouvoir, les moyens et la responsabilité du développement. Inspirée du modèle montpelliérain, la capitale gabonaise pourrait devenir un laboratoire africain de gouvernance urbaine intégrée.
Dans un contexte de transition politique et institutionnelle, la question n’est plus de savoir si Libreville doit devenir une métropole, mais quand — et surtout pour qui. Car, au fond, créer une métropole, c’est replacer le citoyen au cœur du développement urbain.
GMT TV