Législatives 2025 : les missions du député, entre réalité constitutionnelle et discours démagogiques

Le 27 septembre et le 11 octobre, plus de 900 000 Gabonais seront appelés aux urnes pour élire leurs députés à l’Assemblée nationale. En lice, plus de 800 candidatures pour seulement 145 sièges à pourvoir, signe d’un engouement politique inédit depuis l’ouverture née du coup d’État militaire de 2023. Mais au moment de glisser leur bulletin dans l’urne, une question essentielle se pose. Les électeurs savent-ils réellement ce que fait un député ? Trop souvent, les campagnes électorales brouillent les pistes, alimentées par des promesses spectaculaires qui ne correspondent pas aux véritables prérogatives de la fonction parlementaire.
En période électorale, le discours de nombreux candidats repose sur des engagements qui relèvent davantage de l’exécutif que du législatif. Promesses de routes, d’écoles, d’hôpitaux ou même de créations d’emplois : un véritable catalogue de chantiers et de projets sociaux. Pourtant, la Constitution gabonaise, révisée par la Loi référendaire n°002-R/2024 du 19 décembre 2024, définit clairement les missions du député. Celui-ci n’est pas un bâtisseur, mais un législateur, un contrôleur et un représentant du peuple. Confondre ses fonctions avec celles du gouvernement ou des collectivités locales entretient une illusion politique qui trompe l’électorat.
Des missions précises au service de la Nation
La première mission du député est de voter la loi et donc de fixer les règles dans des domaines essentiels tels que les droits fondamentaux, santé, éducation, fiscalité, environnement, justice ou encore organisation des collectivités locales. Autre responsabilité clé, contrôler l’action du gouvernement. À travers des questions orales ou écrites, des interpellations et des commissions d’enquête, les députés exigent des comptes sur la gestion de l’État. Ils ont aussi la lourde tâche de représenter les citoyens en faisant remonter leurs préoccupations, en défendant leurs intérêts et en portant leur voix dans l’hémicycle. Mais représenter n’équivaut pas à exécuter. Aucun député ne dispose d’un budget pour bitumer une route ou équiper un hôpital. À cela s’ajoutent d’autres missions capitales tels que voter le budget national, sans lequel aucune dépense publique n’est légale, ou encore évaluer les politiques publiques, pour mesurer l’efficacité des programmes gouvernementaux.
Le rôle du député gabonais se résume ainsi à voter la loi, contrôler le gouvernement, autoriser les dépenses, représenter les citoyens et évaluer les politiques publiques. Mais il ne construit pas d’infrastructures et ne distribue pas d’emplois, contrairement à ce que laissent croire certains discours de campagne. Ces promesses relèvent de la démagogie et entretiennent une confusion dangereuse entre les fonctions de l’exécutif et celles du législatif. Le 27 septembre et le 11 octobre, les électeurs doivent donc se rappeler une évidence. Élire un député, ce n’est pas choisir un chef de chantier, mais bien un législateur chargé de défendre l’intérêt général et de contrôler l’action publique.
GMT TV