Landry Abaga Essono : « Magistrats, refusons d’être les complices d’une justice instrumentalisée »
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Alors que le Gabon se prépare à une élection présidentielle décisive le samedi 12 avril 2025, la fronde des magistrats s’intensifie. Le Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), par la voix de son président, Landry Abaga Essono, a tenu un point de presse le vendredi 7 février 2025 pour dénoncer une justice asservie par le politique et exiger des réformes immédiates.
Un mois de grève pour l’indépendance de la justice. Le 13 février prochain, cela fera un mois que les magistrats gabonais ont repris leur mouvement de grève. Une mobilisation massive que le SYNAMAG qualifie de nécessaire face à un système judiciaire défaillant et manipulé. « Nous n’avions pas d’autre choix. Le gouvernement de transition, comme ses prédécesseurs, tente d’utiliser la justice à des fins politiques. Il ne veut pas d’une magistrature indépendante et refuse toute émancipation des juges », a déclaré Landry Abaga Essono.
Selon le président du syndicat Landry Abaga Essono, les magistrats subissent des pressions intolérables de la part du ministère de la Justice à la tête duquel est nommé l’opposant Paul Marie Gondjout, notamment par la note n°0195/MJGS/SG/DGAA du 24 janvier 2024, qui vise à contourner les textes sur le service minimum en période de grève.
Une interpellation directe au Président de la Transition
Dans un message fort adressé à Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition et garant du Conseil Supérieur de la Magistrature, Landry Abaga Essono pose une question clé. « Alors que le pays s’apprête à choisir un nouveau Président de la République, et dans l’hypothèse où vous seriez candidat, est-ce cette justice défaillante que vous présenterez au peuple pour solliciter sa confiance ? », pose-t-il comme question à l’endroit du chef de fil du Comité pour la transition et la restauration des institutions.
Le Synamag rappelle que l’actuel chef de l’État, général de brigade s’était engagé, dès septembre 2023, à réformer la justice gabonaise et à mettre fin aux interférences politiques. Pourtant, aucun texte d’application garantissant l’indépendance des magistrats n’a été pris depuis.
Un appel à la résistance et à la dignité
Face à ces tensions, Landry Abaga Essono exhorte ses collègues à ne pas céder aux intimidations du pouvoir. « Chers magistrats, chefs de juridictions, syndiqués ou non, n’oubliez jamais que vous êtes avant tout magistrats. Ce combat est aussi le vôtre. Restez fiers et dignes. Un poste se perd, mais être magistrat est un engagement à vie », a-t-il martelé.
Dans une interpellation directe au peuple gabonais, Landry Abaga Essono rappelle que l’indépendance de la justice est une garantie fondamentale pour la démocratie et la protection des citoyens. « Nous, magistrats, refusons d’être les complices d’une justice instrumentalisée. Nous demandons au peuple gabonais de comprendre que cette lutte, bien que contraignante aujourd’hui, est essentielle pour garantir leurs droits et libertés demain », a-t-il dénoncé.
Alors que la transition approche de son terme, la question reste ouverte : le gouvernement prendra-t-il enfin des mesures concrètes pour garantir l’indépendance de la justice, ou continuera-t-il à l’instrumentaliser à des fins politiques ?
GMT TV