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Joël Mapangou tacle les «spécialistes des bœufs votants» : et si la générosité électorale servait enfin le football ?

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À la veille du match décisif des Panthères du Gabon face au Burundi, ce mardi 14 octobre, Joël Claincy Mapangou a décoché une flèche bien sentie. Pour une fois, dit-il, que les « spécialistes des bœufs votants », ces philanthropes du transport électoral, mettent leurs moyens au service d’une noble cause : permettre aux Gabonais d’aller soutenir leur équipe nationale à Franceville. Parce que, pour le coup, c’est vraiment « avec l’histoire que nous avons rendez-vous ». 

Des bus pour les urnes, pas pour les gradins. Dans un post déjà culte, l’acteur politique a lâché la phrase la plus lucide du week-end. « Que les spécialistes des bœufs votants mettent, pour une fois, leurs moyens à bon escient : qu’ils permettent aux Gabonais venus des quatre coins du pays de se rendre à Franceville pour soutenir notre équipe nationale… Ils ne peuvent pas être aussi généreux uniquement les jours d’élections », a-t-il lâché. 

Et il faut avouer qu’il a raison.

Quand il s’agit de faire descendre des foules pour acclamer un candidat ou un « distingué camarade président », les bus, t-shirts et canettes apparaissent comme par magie. Mais pour un match historique de qualification à la Coupe du monde 2026, silence radio. Même les klaxons de campagne semblent en grève.

Franceville, capitale mondiale d’un soir

Car ce mardi 14 octobre, la capitale du Haut-Ogooué retient son souffle. Pierre-Emerick Aubameyang, Denis Bouanga et toute la bande des Panthères affrontent le Burundi pour arracher, peut-être, la première qualification du Gabon à une Coupe du monde. Un exploit à portée de crampons, après leur victoire épique en Gambie (3-4).

Oui, le Gabon peut rêver des États-Unis, du Mexique et du Canada. Mais avant de rêver d’Amérique, encore faudrait-il que les supporters puissent déjà atteindre Franceville.

Les rois du transport électoral aux abonnés absents

Et là, miracle : personne ne se bouscule pour « mobiliser la base ». Les mêmes mécènes qui déversent des millions en carburant et en sandwichs électoraux font soudain la sourde oreille. Leur patriotisme, apparemment, n’est pas rechargeable hors période de vote.

Joël Claincy Mapangou, sarcastique, rappelle que « les moyens ne manquent jamais quand il s’agit de transporter les consciences », mais qu’ils disparaissent dès qu’il faut transporter les cœurs.

Ironie du sort : on trouve toujours un bus pour les urnes, jamais pour les gradins.

Et si, pour une fois, le peuple criait « Allez les Panthères » plutôt que « Allégeance » ? Au fond, la proposition de Mapangou relève du bon sens — et d’un humour grinçant. Le vrai patriotisme ne se mesure pas au nombre de pagnes distribués ni de primes électorales versées. Il se mesure à la capacité d’un peuple à se rassembler derrière un drapeau, un hymne, une fierté nationale.

Si les « spécialistes des bœufs votants » avaient un minimum de cohérence, ils auraient déjà affrété des bus pour Franceville, floqués « Direction Coupe du Monde – Convoi Patriotique », t-shirts Panthères à l’appui.

Et maintenant, qui pour dribbler la médiocrité ?

Pendant que les Panthères s’apprêtent à jouer leur match le plus important, certains « faiseurs de mobilisation » préfèrent rester sur le banc de la mauvaise foi. Mais l’histoire, elle, n’attend pas les retardataires. Ce mardi 14, le Gabon peut entrer dans la légende du football africain — ou retomber dans sa routine de conférences et de promesses sans lendemain.

Si nos politiciens savaient investir dans le patriotisme sportif comme ils investissent dans la logistique électorale, on serait déjà champions du monde. Mais bon… au Gabon, il est toujours plus facile de « bourrer » une urne que de « bourrer » un stade.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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