Investiture d’Oligui Nguema : la diplomatie américaine envoie un signal fort depuis Libreville

Ce samedi 3 mai 2025, le stade d’Angondjé s’apprête à accueillir une cérémonie d’investiture historique. Brice Clotaire Oligui Nguema, élu avec 94,85 % des voix à l’élection présidentielle du 12 avril dernier, prêtera serment devant une foule de 40 000 personnes. Mais au-delà de l’effervescence populaire et du geste symbolique d’ouvrir l’évènement au public, c’est la présence d’un hôte particulier qui concentre l’attention des observateurs : celle de Massad Boulos, nouvel émissaire américain pour l’Afrique, représentant personnel du président Donald Trump.
Un tournant diplomatique assumé par Washington. Sa venue n’est pas anecdotique. Conseiller spécial du président américain et figure influente proche de la famille Trump, Massad Boulos incarne l’offensive stratégique des États-Unis sur un continent où les puissances se livrent une bataille d’influence acharnée. Sa présence à Libreville, confirmée par une source diplomatique gabonaise, traduit une volonté claire de repositionner l’Amérique au cœur du jeu africain. « C’est un message fort envoyé à la fois à la Chine et à la Russie, mais aussi au nouveau pouvoir gabonais », confie un diplomate ouest-africain.
Déjà présent en avril dernier à Kinshasa pour rencontrer le président Félix Tshisekedi, Boulos avait publiquement exigé le désarmement du M23, tout en pointant la responsabilité du Rwanda. Une posture rare de la part des États-Unis, qui signale une inflexion dans leur doctrine africaine. À Libreville, selon nos sources, l’émissaire américain devrait enchaîner les entretiens bilatéraux en marge de la cérémonie avec plusieurs chefs d’État du continent.
Le Gabon, nouveau pivot de la stratégie américaine ?
Pour Brice Clotaire Oligui Nguema, cette attention diplomatique n’est pas sans enjeu. Le nouveau président gabonais a multiplié les signaux de stabilité et de restauration de la légitimité institutionnelle, en particulier vis-à-vis de l’Union africaine. Le retour du pays dans le giron de l’UA, validé le 30 avril à Addis-Abeba, vient d’ailleurs conforter cette dynamique.
Dans ce contexte, la présence américaine à haut niveau pourrait également préfigurer une relance des coopérations bilatérales, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. Le Gabon, riche en ressources naturelles, mais soumis à une transition politique complexe, se positionne désormais comme un maillon stratégique dans la lecture géopolitique de Washington.
Comme l’a rappelé une source proche du CTRI, « la venue de Massad Boulos est plus qu’une simple marque de courtoisie. C’est une reconnaissance du rôle de stabilisateur que le Gabon peut jouer dans la région ». Reste à voir si cette dynamique trouvera un prolongement concret, au-delà des gestes diplomatiques.
Mais pour l’heure, Libreville s’offre, l’espace d’un week-end, comme une scène centrale des jeux d’influence mondiaux. Et dans ce théâtre en plein air, les regards seront autant tournés vers le président gabonais que vers le nouvel homme fort de la diplomatie américaine en Afrique.
GMT TV