Harold Leckat : «Le Gabon ne se reconstruira pas avec ceux qui l’ont détruit»

Le 30 août 2023, le peuple gabonais s’est levé d’un seul corps. Le cœur battant, il a salué ce qu’il a perçu comme une libération. L’aube d’un nouveau contrat social, le début d’un véritable « essor vers la félicité », comme le disait si bien cet extrait de l’hymne national scandé dans les rues, dans les cœurs, dans les esprits.
Mais un an après, l’espoir laisse place au doute. Car les mêmes qui hier ont étouffé le peuple se réinvitent aujourd’hui à la table du changement. Et ce, au nom d’une “inclusivité” qui ressemble de plus en plus à une opération de blanchiment politique.
L’inclusivité ne doit pas absoudre les coupables
Oui, l’inclusivité est une valeur. Oui, la paix civile mérite des compromis. Mais non, l’inclusivité ne doit jamais devenir un prétexte pour réhabiliter les bourreaux d’hier.
Comment comprendre que des députés sortants du PDG, ayant validé à la veille de l’élection présidentielle le fameux bulletin unique, qualifié par l’opposition — à juste titre — de « bulletin inique », puissent aujourd’hui candidater sous la bannière des bâtisseurs ?
Comment admettre que des ministres d’hier, complices des pillages, des détournements, des humiliations, soient aujourd’hui décorés, lavés de tout péché, et présentés à l’opinion comme des nouveau-nés politiques ?
Ce n’est plus seulement une faute politique. C’est une insulte à l’intelligence du peuple. Un mépris glacial envers ceux qui ont, dans l’ombre, résisté, combattu, dénoncé au péril de leur liberté, de leur carrière, parfois de leur vie.
Une amnésie programmée, un recyclage dangereux
Le serpent change de peau, mais pas de nature. À voir certains, on croirait que le Gabon n’a jamais traversé 56 ans de confiscation démocratique, de dilapidation des ressources publiques, de silence imposé.
Ils récitent aujourd’hui les éléments de langage de la rupture avec la même ferveur qu’hier ceux du régime déchu. Ils paradent, décorés, promus, sanctifiés, pendant que ceux qui ont lutté sincèrement sont marginalisés, réduits au silence, ou forcés à se taire.
Si cela continue ainsi, le 30 août 2023 ne sera plus un jour de libération. Ce sera le jour où l’ancien régime aura appris à se survivre sous de nouveaux habits.
Jeunesse gabonaise : ne laisse pas voler ton futur
Je m’adresse ici à toi, jeunesse gabonaise. C’est toi que l’on trahit encore, en te faisant croire qu’il n’y a pas d’alternative. C’est ton avenir que l’on dilapide, en replaçant au sommet ceux qui ont mené le pays à la ruine.
Mais tu as un pouvoir. Un devoir. Une arme pacifique : ton inscription électorale. Ton bulletin de vote. Ton indignation lucide.
« Le temps heureux rêvé par nos ancêtres arrive enfin chez nous. Réjouisse les êtres ! »
Oui, mais pas si les sorciers d’hier continuent de hanter nos institutions. Pas si les perfides trompeurs, chassés par le peuple, reviennent déguisés en bâtisseurs.
Le réveil est entre tes mains
Ce que je dis ici, je le dis sans masque, sans agenda caché. Je ne serai pas candidat. Je n’attends aucun poste. Je parle au nom de ceux qui ont espéré, au nom de ceux qui ont résisté, au nom de ceux que l’on oublie.
Le Gabon ne se relèvera pas avec ceux qui l’ont fait tomber. Nous avons besoin de cohérence, de justice mémorielle, de responsabilité historique.
Assez d’acteurs. Place aux bâtisseurs. Le vrai changement commence par un choix lucide : refuser l’imposture, et défendre avec courage ce que le 30 août a promis.
Harold Leckat
Directeur de publication
JE ME DEMANDE SI LES GABONAIS EN SONT CONSCIENTS. COMMENT ACCEPTER QUE CEUX QUI HIER ETAIENT AUX AFFAIRES SE SONT REMPLIS LES VENTRES SANS SE PREOCUPER DES AUTRES, SOIENT ASSOCIES A LA NOUVELLE CLASSE DIRIGEANTE LES VICTIMES DU SYSTEME DECHU REGARDENT SANS RIEN DIRE..