Gratuité des transports : comment Libreville peut s’inspirer du modèle montpelliérain pour démocratiser la mobilité urbaine

À Montpellier, les bus et tramways sont gratuits pour tous les habitants de la métropole depuis 2023. Une décision politique audacieuse fondée sur la justice sociale et la transition écologique. Un modèle dont Libreville pourrait s’inspirer à l’heure où la gratuité des transports urbains est remise en cause au Gabon.
À Montpellier, la mobilité est devenue un droit, pas un privilège. « Nous avons voulu que le transport ne soit plus une charge pour les ménages, mais un bien commun, un service essentiel au même titre que l’école ou la santé », explique Clare Hart, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole.
Un modèle social et écologique au service des citoyens
Depuis 2023, les habitants de la métropole, Montpellier et les 30 communes environnantes, empruntent gratuitement bus et tramways. L’objectif : dépolluer la ville, réduire les inégalités et redonner de la liberté de mouvement à tous, notamment aux jeunes, aux retraités et aux travailleurs précaires.
« Nous devons absolument enlever les voitures pour la santé humaine et la planète. Et la mobilité, c’est un droit humain : chacun doit pouvoir se déplacer sans contrainte financière », affirme la responsable montpelliéraine. Une mesure écologique et sociale, mais aussi politique, qui a profondément transformé les habitudes urbaines : la fréquentation des transports a bondi de plus de 20 % en deux ans.
Une gouvernance locale qui finance la liberté de circuler
Contrairement aux idées reçues, la gratuité n’est pas une utopie coûteuse. À Montpellier, elle repose sur un mécanisme fiscal local solide : la « taxe mobilité ». Prélevée sur les entreprises de plus de 11 salariés, elle finance la moitié du dispositif, l’autre moitié étant assurée par la métropole.
« Nous avons la chance d’avoir une économie locale dynamique. Plus d’entreprises s’installent, plus notre assiette fiscale augmente, et donc plus nous pouvons investir dans la mobilité », a détaillé Clare Hart.
Ce modèle démontre qu’un système de transport gratuit et efficace peut être soutenu par la croissance locale, sans dépendre des subventions nationales. Il consacre la décentralisation comme levier d’efficacité. « Nous percevons nos impôts ici et décidons de leur usage ici. C’est cela, la gouvernance locale efficace », a-t-elle expliqué.
Libreville : la gratuité en question, le modèle à repenser
À Libreville, la question de la mobilité urbaine reste un défi majeur. Entre la congestion quotidienne, le coût élevé des transports et la fragilité du pouvoir d’achat, rendre payant un service qui fut un temps gratuit serait un contresens social et écologique.
Dans un contexte de crise économique et de désorganisation urbaine, la capitale gabonaise gagnerait à s’inspirer du modèle montpelliérain : mutualiser les ressources du « Grand Libreville » (Libreville, Akanda, Owendo, Ntoum), créer une autorité métropolitaine des transports, et instaurer une fiscalité locale dédiée à la mobilité durable.
Car au-delà du confort des usagers, c’est une question de justice sociale et de cohésion urbaine. « La mobilité, c’est la liberté. En levant la barrière du prix, on libère des vies et on apaise la ville », a résumé Clare Hart.
Un débat national à ouvrir
Au moment où le Gabon cherche à repenser ses politiques publiques, la mobilité urbaine pourrait devenir un marqueur fort du progrès social. S’inspirer de Montpellier, c’est comprendre qu’un transport public gratuit n’est pas un luxe, mais un investissement dans la santé, l’équité et la durabilité.
À l’heure où les conseils locaux des arrondissements et des communes qui composent le « Grand Libreville » sont appelés à se renouveler, repenser la mobilité, c’est redéfinir le droit de chacun à se déplacer librement dans sa propre ville et placer la capitale gabonaise au niveau des autres métropoles .
GMT TV