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Gabon : une croissance économique à deux vitesses, dopée par le pétrole, freinée par le reste

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Alors que la croissance globale du PIB gabonais a atteint 2,8 % en 2024, elle masque une réalité plus contrastée : si le secteur pétrolier progresse vigoureusement à +4,5 %, le reste de l’économie stagne autour de 0,9 %, révélant les fragilités structurelles d’un modèle trop dépendant des hydrocarbures.

Dans son dernier rapport économique sur le Gabon, la Banque mondiale lève le voile sur une dynamique de croissance en trompe-l’œil. Dopée par la hausse des prix du brut, la production pétrolière a repris des couleurs après des années d’essoufflement. Mais derrière cette embellie, le reste de l’économie peine à suivre. Les secteurs non pétroliers, censés incarner la diversification, plafonnent à 0,9 % de croissance, un niveau quasi atone.

Une dépendance persistante au pétrole

Le contraste est saisissant. Le secteur des hydrocarbures, moteur historique de l’économie gabonaise, a tiré la croissance vers le haut en 2024 grâce à l’augmentation des exportations et à une légère reprise des investissements. Cette performance masque cependant la vulnérabilité d’une économie toujours aussi exposée aux aléas du marché international du brut.

« Le secteur pétrolier reste la principale source de croissance, de recettes fiscales et d’exportations », note la Banque mondiale. Une réalité qui contredit l’ambition affichée depuis plus d’une décennie de transformer l’économie gabonaise en un modèle post-pétrolier résilient et inclusif.

Une économie réelle en panne

Dans les faits, l’agriculture, l’industrie légère, le BTP, le tourisme ou encore les services marchands ne parviennent pas à décoller. Plusieurs freins structurels sont identifiés : climat des affaires peu attractif, faible accès au financement, instabilité réglementaire et faible qualité des infrastructures. Autant de facteurs qui minent la compétitivité des secteurs non extractifs.

Pour la Banque mondiale, « le ralentissement dans les secteurs non pétroliers est symptomatique des contraintes persistantes à l’investissement privé et à la productivité ». Un diagnostic inquiétant qui laisse peu de doute sur la fragilité du rebond actuel.

Vers une croissance inclusive ?

Avec une population jeune en forte croissance, des inégalités territoriales profondes et un taux de pauvreté élevé, le défi est de taille. Si le PIB progresse, c’est encore sans effet notable sur le quotidien de la majorité des Gabonais. La croissance actuelle reste concentrée, peu créatrice d’emplois et faiblement redistributive.

Face à cette croissance à deux vitesses, l’enjeu pour les autorités est clair : accélérer la diversification de l’économie, libérer le potentiel du secteur privé local, améliorer l’environnement des affaires et mieux orienter les investissements publics vers les secteurs à fort impact social et territorial.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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