A La UneDerniers articlesJUSTICE

Gabon : Un an d’emprisonnement en cas d’injure contre une ethnie !

Ecouter l'article

Malgré une volonté affichée de rebâtir une République digne d’envie, les tensions ethniques et religieuses font souvent la une sur la toile. Pourtant le Code pénal gabonais rappelle avec fermeté les limites de la liberté d’expression conformément à l’article 286, qui sanctionne l’injure et prévoit des peines sévères, allant jusqu’à un an de prison, lorsque celle-ci cible un groupe ethnique, religieux ou racial dans le but d’inciter à la haine. 

Dans un pays en quête d’unité nationale, cette disposition pénale, souvent méconnue du grand public, souligne l’engagement du Gabon à préserver la cohésion sociale dans un pays multiethnique. Selon ledit texte de loi, toute « expression outrageante, terme de mépris ou d’invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait » constitue une injure. En cas d’injure simple envers un particulier, sans provocation préalable, la sanction peut atteindre six mois d’emprisonnement et une amende de 1 000 000 de francs CFA.

La gravité de l’injure envers une ethnie !

Cependant, la peine est alourdie lorsque l’injure vise un « groupe de personnes appartenant, par leur origine, à une religion, à une ethnie ou à une race déterminée ». Dans ce cas, si l’intention est d’inciter à la haine entre citoyens ou habitants, le maximum de l’emprisonnement passe à 12 mois soit un an. Cette escalade punitive vise à décourager les discours haineux qui pourraient fragiliser l’unité nationale. Le Gabon, avec ses plus de 40 ethnies est particulièrement sensible à ces questions. 

Historiquement, notre pays a connu des tensions ethniques, notamment lors des élections présidentielles, où des accusations de tribalisme ont parfois émergé en l’occurrence en 1993 et 2009. Il va sans dire que notre loi pénale s’aligne sur les standards internationaux pour prévenir une récidive. Cette disposition se veut donc un outil essentiel pour lutter contre le clanisme, les hiérarchies ethniques et le sectarisme. Tout de même, elle doit être appliquée avec discernement pour ne pas entraver la liberté d’expression légitime.

En effet, la ligne entre critique constructive et injure haineuse reste fine, et les tribunaux gabonais ont déjà eu à trancher dans des affaires impliquant des personnalités politiques ou des activistes. Récemment, des cas d’injures ethniques sur les réseaux sociaux ont fait surface, amplifiés par la digitalisation de la société. Les Myéné ayant été accusés, par certains pseudo influenceurs ou créateurs de contenus, d’être les canaux d’insertion sociale des béninois. Des lourdes accusations ponctuées d’injure telle « les chiens des béninois » qui ne doivent plus être impunies.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page