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Gabon : subvention à la presse, Laurence Ndong dans le viseur des professionnels des médias

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Face à ce qu’ils qualifient de « gestion opaque » et « discriminatoire » de la subvention publique à la presse, plusieurs organes de médias privés ont décidé de rompre le silence. Dans un communiqué adressé ce 15 avril à la presse, les professionnels des médias annoncent la tenue d’une réunion de crise ce jeudi 18 avril 2025, au siège du Groupe Super Star Médias, pour recenser les préjudices subis, organiser la riposte, et envisager une action judiciaire contre la ministre Laurence Ndong.

La colère monte dans le secteur de la presse privée. Selon les signataires du communiqué, malgré les nombreuses démarches engagées, la ministre de la Communication aurait refusé de rendre publique la liste complète des bénéficiaires de la subvention à la presse, les montants alloués, ainsi que les pièces justificatives. Une posture jugée inacceptable dans un contexte où plusieurs organes affirment avoir rempli « toutes les conditions exigées » pour prétendre à cet appui public. « L’heure n’est plus à la passivité », martèlent les professionnels en colère.

Une gestion jugée « opaque » et un appel à la transparence

Le reproche majeur adressé à Laurence Ndong repose sur l’opacité du processus d’attribution de la subvention. Dans un secteur déjà fragilisé économiquement, les professionnels dénoncent une sélection arbitraire et réclament l’application stricte des principes d’équité et de transparence. « Nous ne demandons aucun privilège. Nous exigeons que la loi soit respectée, que les critères soient appliqués à tous de manière claire, et que les fonds publics ne servent pas des intérêts particuliers », indique un directeur de publication de Super Star Médias joint par Gabon Media Time.

Le communiqué va plus loin, annonçant la volonté de déposer une plainte contre la ministre en exercice et « sa commission opaque ». Et de préciser avec fermeté : « Si elle quitte ses fonctions, son successeur n’aura pas à porter ses fautes. Elle devra en répondre personnellement. »

Un secteur en alerte et prêt à faire bloc

Au-delà de la question des montants et des critères d’attribution, c’est bien la place du quatrième pouvoir qui est ici réaffirmée. « Nous sommes le quatrième pouvoir. Montrons-le », conclut le communiqué, dans un ton résolument combatif. Les initiateurs de cette réunion de crise, prévue pour le 18 avril à 15h, entendent poser les bases d’un front commun regroupant les organes spoliés, les avocats du secteur, et les associations professionnelles.

À l’heure où le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la redevabilité et de la transparence un axe fort de son mandat, ce bras de fer entre le ministère de la Communication et les médias pourrait bien devenir un test de cohérence pour la Ve République. Reste à savoir si la ministre Laurence Ndong fera un geste d’apaisement ou persistera dans ce silence devenu, pour certains, un véritable affront institutionnel.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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