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Gabon : Serge Maurice Mabiala plaide pour la construction de zones franches dans le nord et le sud du pays

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Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris, économiste et inspecteur des Impôts de formation, Serge Maurice Mabiala, a récemment plaidé en faveur de la dynamisation du développement industriel du Gabon par la promotion d’une initiative ambitieuse : la création de zones franches dans le nord et le sud du Gabon. C’était à l’occasion de son passage sur le Canapé Rouge de Gabon Media Time, le lundi 25 novembre dernier. Cette stratégie vise, selon lui, à aménager des zones d’exception fiscale pour attirer les investissements directs étrangers dans les activités industrielles, à diversifier l’économie du pays et développer l’économie des territoires, tout en réduisant les disparités régionales. Ces zones franches, inspirées des modèles de réussite internationaux d’Asie du sud-est, pourraient générer des retombées économiques et sociales significatives, sous réserve d’une mise en œuvre rigoureuse et d’investissements conséquents.

Estiment que la position du Gabon en Afrique est atout qui n’est pas suffisamment pris en compte,  Serge Maurice Mabiala a cité en référence  Napoléon Bonaparte qui disait, à juste titre, que la prospérité des États résidaient dans leurs positions géographiques. « Si la démographie du Gabon paraît, à première vue, défavorable à la réalisation des économies d’échelle, la situation géographique du Gabon n’est pas négligeable », a-t-il précisé. 

Ce « petit pays » plus vaste que la Grande Bretagne et la Belgique, la Hollande et la suisse réunies n’est pas enclavé. Sur 880 km, il s’ouvre sur l’atlantique. Pas tout à fait situé au cœur du Golf de Guinée, il est néanmoins bordé par deux énormes marchés, au nord par 230 millions de consommateurs, notamment Nigérians et Camerounais et au sud par près de 150 millions de consommateurs, Congolais, RD Congolais et Angolais.

Ce constat fait,  Serge Maurice Mabiala estime qu’il faut entrer dans la raison en créant deux zones franches, au nord c’est à dire Bitam dans le département du Ntem et au sud à Mayumba chef-lieu du département de Basse-Banio. « Ces zones répondraient à  plusieurs objectifs : développer un régime d’incitations fiscales propre à attirer les investisseurs étrangers, accélérer le développement industriel du pays,  tout en favorisant le transfert de technologies et une plus grande insertion dans l’économie mondiale et fournir aux marchés  voisins des biens industriels dont ils ont besoin pour leur développement », a-t-poursuivi. 

Pour cet économiste et cadre de l’administration fiscale, notre pays le Gabon regorge de ressources de toute sorte en quantité non négligeable  pour permettre son véritable décollage économique. « Demain, les usines installées dans ces zones pourraient en tirer grand parti pour leurs processus de transformation industrielle », a-t-il martelé. Deux conditions s’imposent cependant, pour lui, le développement des infrastructures de communication et énergétiques. 

Il tombe sous le sens que le développement d’un corridor industriel à l’est du Gabon, densifier le réseau ferré par une ligne allant de Belinga à Mayumba, bâtir des autoroutes entre Bitam et Yaoundé au Cameroun, entre Mayumba et Pointe noire au Congo-Brazzaville, construire un port en eau profonde dans le chef-lieu de la Basse-Banio, s’imposent comme le trousseau de clés de l’accélération de la croissance économique et du recul significatif de la pauvreté dans notre pays.

Avec des terres arables abondantes, un potentiel hydraulique considérable,  des gisements miniers et d’hydrocarbures et bien d’autres,  qui n’ont pas encore dit leurs derniers mots, le sous-développement du Gabon demeure une énigme aux yeux de tous.

Des incitations fiscales mesurées pour séduire les investisseurs

Pour maximiser la connectivité et l’attractivité de ces zones franches, le gouvernement pourrait envisager des mesures fiscales ciblées pour stimuler les IDE. Parmi les incitations à prévoir figurent des exonérations fiscales sur une durée de 10 à 15 ans, des procédures administratives simplifiées et la mise en place d’infrastructures modernes de communication, de télécommunication, énergétique, d’éducation etc, répondant aux attentes standardisées des majors de l’économie mondiale. Ces orientations stratégiques viseraient à positionner le Gabon comme une destination privilégiée, une corne d’abondance pour les investissements directs étrangers, notamment dans les secteurs stratégiques.

Pour concrétiser cette ambition, un investissement initial de 500 milliards de FCFA serait nécessaire pour développer des infrastructures essentielles telles que chemin de fer, routes, ports et approvisionnement énergétique, un montant proche des 700 milliards de FCFA estimé par la Banque africaine de développement (BAD) pour des projets similaires. Ces efforts devraient permettre de générer plus de 30 000 emplois directs et indirects, offrant ainsi des opportunités significatives à des milliers de jeunes Gabonais, tout en contribuant à la diversification économique du pays.

Des retombées économiques prometteuses pour le Gabon 

À moyen terme, ces zones franches pourraient générer des revenus fiscaux indirects tracés dans la balance de paiement. Des études préliminaires dans ce sens, estiment qu’elles pourraient contribuer à hauteur de 2% à la croissance économique annuelle du Gabon dès 2030. Par ailleurs, en favorisant la transformation locale des matières premières, ces zones limiteraient la dépendance du Gabon aux exportations brutes, augmentant ainsi la valeur ajoutée de son économie.

Cependant, la réussite de ce projet repose sur des défis majeurs. Les infrastructures actuelles dans le nord et le sud nécessitent d’importantes améliorations. De plus, une gouvernance transparente sera cruciale pour éviter que les zones franches ne deviennent des enclaves privilégiées profitant à une minorité. Enfin, l’État devra s’assurer que les incitations fiscales ne creusent pas les déficits budgétaires, tout en garantissant une gestion efficace des investissements publics. Cette initiative proposée par Serge Maurice Mabiala, mérite donc qu’on s’y attarde étant entendu qu’elle a le potentiel de transformer les régions nord et sud du Gabon en moteurs de croissance.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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