Gabon: quelle stratégie pour remettre au niveau notre championnat national?
Dès son arrivée à la tête du pays en 2009 au terme de sa première élection controversée, Ali Bongo Ondimba a fait du sport et notamment du football, sa priorité. Investissements massifs dans les infrastructures. Organisation de deux Coupes d’Afrique des Nations (CAN) à grands frais. Professionnalisation du championnat national et plus récemment la mise en place de task force pour dynamiser l’ensemble. Mais rien n’y fait. A l’heure où les Panthères entament leur opération reconquête du public, Thierry Mouyouma se heurte à des insuffisances structurelles.
« Sans championnat, je suis restreint au niveau des choix », c’est ce que déclarait Thierry Mouyouma, sélectionneur de l’équipe nationale de football en marge de la défaite des Panthères contre les Lions de l’Atlas. Sans fioriture, le sélectionneur national du Gabon a pointé du doigt l’absence de championnat national de football. Il a exprimé de vives inquiétudes quant à l’impact de cette lacune structurelle sur le développement du football à l’échelle nationale. Et c’est peu de le dire, tant le constat est amer.
Le championnat national de football au Gabon, connaît depuis une décennie de multiples interruptions. La saison 2021-2022 par exemple, a été particulièrement affectée, avec des problèmes d’organisation et de financement. En conséquence, le championnat n’a pas pu se tenir comme prévu malgré les assurances des autorités de l’époque. Résultat des courses, les footballeurs locaux manquent de compétition, ce qui limite leur progression technique et tactique et justifie le fait qu’ils ne soient pas appelés en sélection.
Remettre au niveau le championnat de football gabonais est un défi ambitieux mais réalisable
Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent pour une reprise effective. Plutôt la méthode qui fait défaut. La gouvernance des clubs et partant, leur gestion, est peu transparente et manque de professionnalisme. Les dirigeants de clubs semblent bien plus en attente de subventions qu’à la recherche de partenaires comme le commande la structure du football moderne. De son côté, l’Etat peine à mettre en place des mécanismes visant à encourager les clubs de football à investir dans le football comme cela peut se faire en Allemagne par exemple ou des clubs comme le Bayer Leverkusen, appartiennent à des multinationales, le groupe pharmaceutique Bayer en l’occurrence.
La formation et développement des talents qui devrait passer par des investissements dans des académies de jeunes et des programmes de formation pour les entraîneurs, n’est également pas une priorité. Alors que l’INJS (Institut national de la jeunesse et des sports) pourrait servir de cadre. La Fédération et la Ligue nationale manquent de cohésion. Le calendrier des compétitions est irrégulier. Autant de maux qui minent notre football et qui plombent les possibilités de la sélection nationale comme le déplore le sélectionneur, pur produit de notre système de formation.