Gabon : prêts à l’usure, ce « fléau » à l’origine dusurendettement de particuliers !
En dépit du fait qu’elle soit prohibée et condamnable, puisque les indélicats qui en tirent jouissance encourent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement ferme assortis d’une amende allant jusqu’à 10 millions de nos francs, la pratique répréhensible des prêts à l’usure prend de plus en plus d’ampleur. Touchant en grande partie des agents de la fonction publique, ce « fléau » entraîne un « surendettement » de ces agents comme le révèle une enquête de l’association gabonaise des usagers des banques, qui vient d’ailleurs d’alerter le gouvernement en vue de juguler cette hémorragie.
Taux d’intérêt élevés, absence de réglementation, les prêts usuraires bien que répréhensibles, sont aujourd’hui ancrés dans les habitudes de nombreux ménages gabonais. Plus grave encore, cette pratique répréhensible est aujourd’hui d’usage dans l’administration publique gabonaise. Les agents publics n’hésitant pas à y recourir mais à quel prix? Dans un courrier de par l’association des usagers des banques adressé aux ministres des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Défense nationale, on peut y lire qu’à cause de ce « fléau » plusieurs centaines d’agents publics « se trouvent dans une situation de surendettement ».
En effet, comme ils l’ont indiqué à l’association dirigée par Ndzengue Mbomba Gildas, plusieurs d’entre eux « doivent rembourser jusqu’à 5 millions de FCFA pour un prêt d’à peine 300 000 FCFA » et ce, sur plusieurs années. Autres faits graves concernant ce fléau, certains agents publics abonnés à cette pratique, vont jusqu’à « remettre leurs cartes bancaires en gage aux usuriers ». Une situation dramatique qui frise l’indécence et qui relève du mépris de la loi, étant entendu que les indélicats qui tirent jouissance de ce « fléau », encourent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement ferme assortis d’une amende allant jusqu’à 10 millions de FCFA comme le rappelle l’article 324 Code pénal nouveau. Incompréhensible.
Quand les “prêteurs” foulent au pied l’article 323 du Code Pénal
Alors que l’article 323 dudit Code Pénal dispose que « quiconque consent un prêt conventionnel dont le taux effectif dépasse de plus du quart le taux moyen pratiqué dans les mêmes conditions par des prêteurs de bonne foi pour des opérations de crédit comportant les mêmes risques que le prêt dont il s’agit, est condamné à un emprisonnement de deux ans au plus et à une amende de 10.000.000 de francs au plus, ou à l’une de ces deux peines seulement » difficile de comprendre ce laxisme des instances judiciaires face à cette question de fond.
A qui profite le crime?
Particulièrement aigus en raison de facteurs tels que les taux d’intérêt élevés qui vont jusqu’à 30, 40 ou 50%, sur des bases complètement nulles puisque les prêteurs ne disposent pour la plupart d’aucune compétence en matière de réglementation bancaire, cette pratique témoigne à la fois du laxisme et de l’absence d’encadrement de l’Etat central, qui peine à imposer sa loi, des difficultés de celui-ci à arrimer le niveau de revenus au niveau d’inflation, mais également de la défiance des populations envers l’autorité publique. Toute chose qui amène à la question, à qui profite le crime?
Comptes publics, fonction publique et défense nationale appelés à se saisir de la question
Vivement interpellés par l’association gabonaise des usagers des banques (AGUB), le gouvernement Ndong Sima, notamment les ministres des Comptes publics, fonction publique et de la défense nationale sont appelés à se saisir de cette question aux multiples facettes qui, dans l’ombre, détruit des vies et des familles. Le gouvernement qui milite pour une plus grande inclusion financière, doit donc se saisir de cette problématique urgente qui participe à aggraver la pauvreté et à exacerber les disparités économiques. Affaire à suivre!