Gabon : près de 960 milliards de masse salariale dans la Fonction publique en 2026, un record
Le projet de loi de Finances initiale 2026 est sans aucun doute le plus ambitieux de l’histoire du Gabon. Fort d’un budget équilibré en recettes et en dépenses arrêté à 7 233,3 milliards de FCFA, le texte en débat à l’Assemblée nationale prévoit une hausse spectaculaire de l’investissement public (+460%) par rapport à 2025. Mais cet élan volontariste se double d’un choix budgétaire controversé : la masse salariale de la Fonction publique atteindra près de 1 000 milliards de FCFA, un record historique. Dans un contexte de crise de l’emploi et de rareté des financements, cette orientation interroge la cohérence des priorités de l’État.
Entre 2023 et 2025, les dépenses liées aux salaires des agents publics ont connu une progression fulgurante, passant de 691 à 825 milliards de FCFA. En 2026, elles bondiront à 959 milliards de FCFA, soit près d’un quart des recettes budgétaires. Un niveau jugé insoutenable par plusieurs analystes, d’autant que les institutions financières internationales appellent depuis plusieurs années à une maîtrise des charges publiques. En préférant élargir encore le train de vie de l’État, le gouvernement prend le risque d’asphyxier les marges budgétaires destinées à l’investissement productif, pourtant essentiel pour relancer la croissance et soutenir l’emploi.
Des priorités budgétaires contestées
Selon le ministère de l’Économie et des Finances, le Gabon financera son train de vie sur fonds propres, réservant les emprunts à l’investissement productif. Une intention louable, mais qui se heurte à la réalité d’une dépense publique déséquilibrée, où la masse salariale absorbe une part croissante du budget. Près de 410 milliards de FCFA seront en effet captés par deux secteurs : la Défense nationale et l’Éducation nationale. Si la seconde est essentielle pour préparer l’avenir, la première suscite des interrogations, notamment dans un pays confronté à un manque criant de personnel médical et de structures de santé adaptées.
En privilégiant le maintien d’un appareil administratif hypertrophié et une dépense sécuritaire soutenue, le gouvernement semble tourner le dos à la diversification économique et à la promotion de l’entrepreneuriat, pourtant proclamés comme axes majeurs de la transition. Ces arbitrages budgétaires, jugés hasardeux et contre-productifs, pourraient retarder la modernisation de l’économie gabonaise et freiner la création d’emplois durables. En somme, le record historique de la masse salariale en 2026 illustre un modèle d’État-providence coûteux, difficilement soutenable dans un pays où le secteur privé peine encore à décoller et se trouve parfois parasité par cette administration lourde et pas du tout performante.











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